Le mois de septembre s’était ouvert avec certains espoirs, notamment du Brésil. L’allocation de la canne vers la filière sucre était enregistrée à 37 %, entre le 1er avril et le 16 septembre : un chiffre très bas, comparé aux 48 % de l’an passé à la même époque, porté par un pétrole qui atteint un record jamais vu depuis 5 ans.
Or, quand le Brésil dédie un point de moins de sa canne à sa filière sucre, au bénéfice de sa filière éthanol, c’est 0,8 Mt de sucre de moins de disponible sur le marché mondial. Les spéculateurs ont, immédiatement, revu leurs positions nettes-vendeuses, à moins de 6,3 Mt : un niveau qui n’avait pas été atteint depuis juillet dernier. Le sucre roux a ainsi grimpé jusqu’à 11,7 cts/lb à la mi-septembre.
Mais, dans la seconde partie du mois, l’Inde a annoncé son nouveau plan d’aide à sa filière : une subvention à la canne, pour 2018-2019, de 1,9 $/t de canne (il était de 0,7 $/t l’an passé), et une subvention au transport du sucre, pour la campagne 2018-2019, de 13,7 $/t à Bien sûr, il est trop tôt pour estimer la récolte qui sera effectuée
en juillet prochain. Mais le déficit hydrique, qui a amené les producteurs à renoncer à semer du colza, ajoute du stress à des marchés déjà très volatiles. Les dernières statistiques de France Agrimer sorties en septembre pour la récolte 2018 affichent une réduction de la production de 10 % à 4,8 Mt, contre 5,5 Mt en 2017. C’est mieux que les estimations d’août, qui faisaient valoir un recul de près de 15 %. La Commission européenne vient aussi de revoir un peu ses chiffres à la hausse, faisant état d’une production de 19,7 Mt de 41,3 $/t selon la distance de la sucrerie au port. La plupart des analystes estiment que cela permettra au pays d’exporter prochainement environ 5 Mt sur le marché mondial. L’effet a été immédiat : les spéculateurs sont revenus à la vente, avec 7,3 Mt de positions nettes-vendeuses enregistrées le 25 septembre, et une clôture du roux, ce même jour, à 9,9 cts/lb…
Depuis, le changement de terme est intervenu, et le prix sur le nouveau terme (mars 2019) est désormais reparti au-dessus de 11 cts/lb. Mais une réelle reprise ne peut intervenir sans rupture dans les fondamentaux, que l’on voit mal se produire avant l’été prochain. D’ailleurs, le sucre blanc reste, lui, relativement stable : il peine à décoller
des 320 $/t, soit autour de 285 €/t. Du côté européen, guère de changement non plus en ce premier jour de campagne 2018-2019, malgré un bilan pour la campagne à venir plus tendu que le précédent.
Timothé Masson, CGB