46 % des Français seraient favorables à la reconduction de l’utilisation des néonicotinoïdes sur les betteraves dans l’attente d’une autre solution, selon un sondage de l’Ifop qui a interrogé 1013 personnes les 18 et 19 octobre derniers. C’est un résultat auquel on ne s’attendait pas. À force d’entendre ceux qui crient le plus fort – les opposants aux néonicotinoïdes – on avait l’impression que le débat était clos. Or, le résultat de ce sondage, réalisé à la demande de la CGB, montre que les opinions ne sont pas si hostiles, quand on prend le temps d’expliquer les enjeux d’une interdiction de ces produits.
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Le contexte politique pèse aussi sur l’opinion. En effet, cette prise de position n’est pas étrangère aux différentes crises qui se sont succédé depuis deux ans. Alors que la guerre en Ukraine se prolonge sur fond de crise sanitaire (covid-19), économique (inflation) et sociale (grèves), rythmées par des restrictions ou des pénuries de produits alimentaires ou de carburants, la peur de manquer de certaines denrées s’invite dans le quotidien des Français et modifie leurs habitudes.
Cette enquête est révélatrice des attentes de la société et montre que, pour 82 % des Français, la souveraineté alimentaire et énergétique doit être une priorité. L’agriculture française et européenne peut répondre à la fois aux besoins alimentaires et énergétiques de la population pour 61 % des Français.
Les attentes à l’égard de l’agriculture sont nombreuses : elle doit assurer en premier lieu la souveraineté alimentaire et énergétique de la France (pour 25 %), permettre aussi aux producteurs de recevoir une rémunération convenable (17 %), mais aussi préserver le pouvoir d’achat en proposant des produits agricoles à prix abordables (14 %), les préoccupations écologiques arrivant en quatrième et cinquième rangs.
Si l’on se penche plus précisément sur la betterave, 90 % des Français sont favorables au maintien de l’industrie sucrière sur le territoire afin de produire son propre sucre et d’éviter les importations (dont 55 % de « Oui, tout à fait », chiffre qui monte à 66 % dans le nord-est de la France, région où sont cultivées les betteraves). Enfin, 84 % des Français sont favorables au fait que l’agriculture française continue à produire des biocarburants à l’avenir (dont 47 % de « Oui, tout à fait », avant un pic à 57 % dans le Nord-Est).
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« Il y a une vraie rupture depuis le covid, accentuée depuis la guerre en Ukraine ; on constate réellement un bouleversement dans le comportement des Français, avec de vraies craintes de pénuries. Les Français ont été sidérés quand ils se sont aperçus que l’on ne fabriquait plus un gramme de paracétamol et qu’il y avait des pénuries de moutarde ou d’huile. Les incertitudes quant au prix et à l’approvisionnement énergétique et alimentaire redonnent toute sa valeur et son sens à la production locale, en particulier celle de sucre et de bioéthanol. Face à la problématique complexe des néonicotinoïdes et au regard des enjeux en balance, un Français sur cinq ne se positionne pas, un tiers se déclare opposé, mais une majorité relative se positionne favorablement. On voit que c’est dans la région nord-est, là où l’on cultive les betteraves, que le soutien est le plus affirmé ».