Plus que quelques semaines avant que la France ne se retrouve au cœur de deux événements politiques majeurs en 2022. Dès le 1er janvier, le pays prendra pour six mois la tête de la présidence tournante de l’Union européenne. Et le 10 avril, aura lieu le 1er tour de l’élection présidentielle. Deux rendez-vous aux enjeux majeurs qui n’ont pas échappé au secteur agricole. Après l’Union française des semenciers (UFS), c’est au tour du secteur des oléoprotéagineux de présenter ses doléances à travers « six propositions pour une filière forte ». « Nous ne pouvons pas être simplement dans le constat. Il nous faut être en capacité de se projeter. Il s’agit d’allier croissance de l’agriculture et compétitivité écologique », a affirmé le 23 novembre Arnaud Rouseau, le président de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop), en présentant les propositions de la filière. Pour les quatre organisations (la Fop, l’institut technique Terres Inovia, l’interprofession Terres Univia et le groupe Avril), il faut :
– Donner aux filières oléoprotéagineuses une place stratégique sur le long terme. Cela passe notamment par « la mise en place de clauses miroirs aux frontières européennes afin que les importations respectent enfin les standards européens » et de faire cesser la « surtransposition des normes en France ».
– Reconquérir la souveraineté protéique, avec un plan protéines ambitieux au niveau européen.
– Amplifier les efforts de recherche agronomique et accompagner le déploiement des innovations dans les exploitations pour mener les transitions. Cela passe notamment par « une réforme du cadre réglementaire européen pour que le secteur semencier bénéficie des technologies les plus avancées de sélection variétale, comme les NBT, a expliqué Gilles Robillard, le président de Terres Inovia.
– Assurer aux agriculteurs un accès aux moyens de production pour qu’ils bénéficient de pratiques alternatives fiables et compétitives à court terme, comme « l’autorisation de l’usage de l’insecticide phosmet à l’automne 2022, afin d’éviter de plonger la filière dans une impasse technique et que ne disparaissent 30 % des surfaces de colza en France ». Le retrait de cet insecticide devrait être examiné par Bruxelles en décembre ou janvier. Selon Arnaud Rousseau, il n’existe pas à ce jour d’alternative efficace à ce produit.
– Sécuriser le revenu des producteurs pour mener les efforts de transition du changement climatique, en rémunérant par exemple le stockage du carbone par les agriculteurs.
– Ouvrir de nouveaux débouchés aux énergies renouvelables de la biomasse agricole pour décarboner l’économie européenne, en maintenant une fiscalité incitative pour les biocarburants et en interdisant ceux à base d’huiles ou co-produits issus de surfaces à haut risque de déforestation.