L’ITB avait annoncé l’arrivée des pucerons pour le 13 mai. Or, il semble qu’ils soient déjà arrivés. Que pouvez-vous dire à ce jour ?
Une date a effectivement été annoncée pour l’arrivée des pucerons, définie à partir de notre modèle informatique. Mais ce modèle donnait plusieurs dates selon les régions et, en voulant généraliser avec une seule date, on a commis une erreur.
Aujourd’hui, on observe que le seuil de traitement est franchi dans l’Aube, la Marne et dans quelques zones au sud de Paris. On commence aussi à voir des pucerons dans l’Oise.
Avant le week-end du 19 et 20 avril, le seuil n’était pas encore atteint. Les traitements réalisés avant cette date ont donc été effectués prématurément, juste avant la pluie. Il faudra sans doute recommencer.
Les pucerons présents sont-ils virulifères ?
C’est la grande question. À l’ITB, nous avons beaucoup communiqué sur la gestion du réservoir viral, les cordons de déterrage et les repousses dans les blés. J’espère que ces actions ont été faites de manière méticuleuse, car c’est cela qui déterminera l’impact éventuel de la jaunisse. Ce n’est pas le puceron en soi qui pose problème, c’est sa contamination par les virus et donc la présence de réservoirs viraux.
Nous avons récemment obtenu pour cette campagne 2025 la dérogation Movento pendant 120 jours. D’après les retours du ministère, ce sera probablement la dernière année, car ce produit ne sera plus homologué au niveau européen l’année prochaine.
Nous disposons actuellement de deux produits phytosanitaires pour lutter contre les pucerons : le Teppeki, qui peut être utilisé une fois, et le Movento, qui peut être utilisé 3 fois. Ces deux produits ont des impacts comparables sur les populations de pucerons avec une efficacité d’une quinzaine de jours. Les efficacités de ces produits peuvent être nettement améliorées grâce à l’adjonction d’huile.
Le puceron noir a-t-il aussi un impact sur la jaunisse ?
Il faut savoir que le puceron noir peut transmettre le virus BYV, mais ce n’est pas lui qui apporte directement la jaunisse. C’est le puceron vert. Pour qu’un puceron noir soit dangereux pour la betterave, il faut que le puceron vert porteur du virus soit également présent. Celui-ci peut contaminer le puceron noir. Actuellement, les pucerons verts sont en faible proportion : 1 % à 2 % dans certaines parcelles, et parfois au-dessus de 10 % dans la Marne. Mais même avec 0,5 % de pucerons verts contaminés initialement, toute une parcelle peut être touchée par la jaunisse.
Comment repérer les pucerons verts ?
Le puceron vert n’est pas facile à voir : il faut une bonne loupe. On les observe plus facilement sur les betteraves ayant quatre feuilles naissantes, surtout sur les deux feuilles centrales, les plus petites.
Comment les planteurs peuvent-ils s’informer efficacement ?
Le site internet de l’ITB est la principale source d’information. On retrouve notamment le guide de Gestion Intégrée des bioagresseurs de la betterave, le BetaGia qui est un peu « la Bible » de la culture betteravière. Concernant la gestion prophylactique, nous avons obtenu que le BSV mette systématiquement un lien vers notre fiche ITB sur son site.