Ce n’est pas parce que le sclérotinia a été moins présent en 2024 qu’il ne risque pas de réapparaître ce printemps pour contaminer les fleurs. Quant au mycosphaerella, qui a frappé intensément la Champagne en 2024, il menace désormais d’autres régions. « L’extension de son territoire pourrait concerner jusqu’à 400 000 hectares de colza dans les années à venir », indique Gwénola Riquet, responsable gestion des maladies chez Terres Inovia. il y a encore cinq ans, ce pathogène se cantonnait aux zones atlantiques comme le Poitou-Charentes ou la Bretagne, atteignant parfois la Normandie. Cette maladie, qui affecte les siliques et dont la biologie reste mal connue, fait donc l’objet d’une surveillance accrue en 2025. D’ailleurs, pour mieux la comprendre et évaluer des stratégies de lutte combinées, Terres Inovia lance en 2025 le projet Myco-risk.
Intervenir au stade G1
Sclérotinia et mycosphaerella ne se développent pas nécessairement la même année. Cependant, dans les zones à risque pour ces deux maladies, la protection fongicide repose sur une stratégie commune. « Nous avons réorienté le choix des solutions fongicides à privilégier pour gérer au mieux ces deux maladies, explique Gwénola Riquet. Dans ce cas, le positionnement de l’application reste le même que pour le sclérotinia, c’est-à-dire au stade G1 qui correspond au moment clé de la chute des pétales. »
Ainsi, les triazoles sont les plus efficaces contre le mycosphaerella, avec le prothioconazole en tête. « De plus, son association avec des SDHI ou avec d’autres triazoles comme le metconazole, le difénoconazole et le tébuconazole présentent également un bon intérêt », précise l’experte.
D’ailleurs, Propulse/Yearling (prothioconazole + fluopyram) reste la référence des essais Terres Inovia. Pour gérer le mycosphaerella, sa dose recommandée est de 0,8 l/ha. Si les conditions restent favorables à cette maladie, un second traitement, réalisé 10 à 20 jours après le stade G1, peut s’avérer nécessaire. « D’après nos connaissances actuelles, les leviers agronomiques sont peu efficaces contre le mycosphaerella, les études vont affiner ce point », complète Gwénola Riquet.
Fongicides ciblant plus le sclérotinia
Si la menace concerne uniquement le sclérotinia, l’institut préconise également d’autres associations, selon le niveau de risque agronomique. Ainsi, s’il est élevé, les fongicides Revydas (boscalid + méfentrifluconazole, 0,8 l/ha) ou encore Efilor et Telia (boscalid et metconazole, 0,8 à 1 l/ha,) et les packs intégrant une strobilurine, tels que Intuity Force (mandestrobine + metconazole, 0,8 l/ha + 0,8 l/ha) ou Intuity Power (mandestrobine + prothioconazole, 0,8 l/ha +0,7l/ha) affichent de bons résultats. Enfin, l’unique solution de biocontrôle Rhapsody (Bacillus subtilis, 2 l/ha) s’emploient en association avec un fongicide conventionnel à dose réduite (en pack ou non) pour sécuriser la protection.
Mycosphaerella profite des pluies prolongées et des températures douces. Si la saison hivernale se déroule dans ces conditions, les premiers symptômes peuvent même apparaître sur les feuilles dès la fin février. La maladie se manifeste par des taches beige-brun ponctuées de petits points noirs, souvent bordées d’un halo brun-jaune. Les nécroses s’étendent et se rejoignent, provoquant le dessèchement du feuillage.