Les deux sucreries danoises viennent d’être converties au gaz en remplacement du fioul lourd. Cette conversion permet de réduire les émissions de CO2 des sucreries, un premier pas vers la réalisation de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 70 % en 2030 par rapport au niveau de 1990.
Mais la société Nordic Sugar (filiale de l’Allemand Nordzucker) anticipe d’ores et déjà la deuxième étape qui prévoit, d’ici quelques années, de remplacer une grande partie du gaz naturel par du biogaz. Cela permettra de réduire encore les émissions de CO2 et d’atteindre pleinement les objectifs de réduction de celui-ci. La pulpe de betterave sera donc un élément essentiel de ce dispositif.
Nordic Sugar a conclu un accord avec des producteurs de biogaz pour leur fournir de la pulpe et recevoir en retour du biogaz. L’originalité de ce programme est que les planteurs ont été associés à la négociation sur le prix des pulpes.
« La pulpe de betterave nous appartient, à nous les producteurs, déclare le président des planteurs danois, Troels Frandsen. Nous avons donc conclu un accord avec Nordic Sugar pour qu’ils puissent vendre la pulpe de betterave à l’usine de biogaz. Depuis de nombreuses années, nous avons déjà un accord avec Nordic Sugar sur le prix de la pulpe utilisée pour l’alimentation du bétail. Il est important qu’il y ait encore suffisamment de pulpe de betterave pour l’alimentation du bétail, mais une partie de la pulpe sera à l’avenir utilisée pour le biogaz. »
L’accord conclu entre les planteurs et Nordic Sugar concernant la pulpe pour le biogaz comprend un paiement supplémentaire aux planteurs, si le prix du marché du gaz naturel dépasse les 40 €/MWhr.
Prix du gaz naturel (en €/MWhr) -> Supplément biogaz par t/ betterave
Jusqu’à 40 € : 0 €
De 40,1 à 50 € : Augmentation linéaire jusqu’à 1 €
De 50,1 à 125 € : Augmentation linéaire jusqu’à 2,50 €
Au-dessus de 125 € : 2,50 €
La part de pulpe destinée au biogaz (environ 30 %) est calculée et divisée par le montant de toutes les pulpes (dont le prix minimum est de 3 €/t de betterave), de sorte que tous les producteurs reçoivent le même prix pour la pulpe. Si 30 % des pulpes ont été utilisées pour le biogaz et que le supplément maximum de 2,50 € est atteint, alors le paiement final serait de : 3 € + 30 % de 2,50 € = 3,75 €/t de betteraves (pour toutes les betteraves).
Entretien avec Troels Frandsen, président des planteurs danois
Troels Frandsen explique comment les planteurs ont négocié le prix de leurs pulpes qui approvisionneront une usine de biogaz. Les betteraviers danois peuvent également indexer leurs prix de betterave sur les marchés à terme. Un bel exemple de contractualisation.
Vous venez de négocier avec Nordic Sugar l’utilisation de la pulpe pour le biogaz. Comment avez-vous procédé ? Êtes-vous satisfait du résultat ?
La négociation a été difficile, car elle comportait de nombreux éléments, tels que la valeur énergétique de la pulpe dans une usine de biogaz, le prix de la pulpe, le prix des certificats, etc… En fin de compte, nous avons réussi à conclure un accord qui peut être utilisé dans la pratique. Nous sommes satisfaits du résultat.
Comment le prix de la pulpe est-il fixé ?
Il est lié au prix du marché du gaz naturel pendant la campagne. Si le gaz dépasse un certain niveau de prix (40 €/MWhr), les producteurs recevront un paiement supplémentaire qui s’additionnera au prix de base de 3 €/t. Le paiement supplémentaire sera réparti sur l’ensemble de la pulpe livrée, y compris la pulpe utilisée pour l’alimentation du bétail.
À quelle date les usines vont-elles remplacer une partie du gaz naturel par du biogaz ?
Nordic Sugar n’a pas encore fixé de date précise, mais ce sera d’ici quelques années.
Quel a été le prix de la betterave en 2023 ? Et les perspectives 2024 ?
Le prix de la betterave en 2023 et celui de 2024 a été globalement le même, avec un prix total d’environ 39 €/t de betterave, tout compris. Certains contrats prévoient un prix variable avec un éventuel paiement supplémentaire en fonction des résultats financiers de la société sucrière Nordic Sugar. Cela a abouti, en 2023, à un paiement d’environ 50 €/t pour certains types de contrats.
Chez vous les planteurs peuvent également indexer leurs prix de betterave sur les marchés à terme. Ce système est-il largement utilisé ? Quel résultat a-t-il donné ?
Jusqu’à présent, il n’a été utilisé qu’à petite échelle et le prix dépend du moment où le producteur « clôture » le prix dans le contrat. Le prix est lié à la cotation NY#11. En 2024, il a été possible de clôturer le prix à un bon niveau.