Le mois d’avril risque d’être chaud pour les cours du soja, du colza, du canola canadien et du tournesol, avec des flux commerciaux qui seront peut-être à revoir. L’administration Trump doit faire le point sur ses relations avec le Canada, le Mexique, l’Europe, la Chine, avant peut-être d’imposer des droits de douane pour tous les pays. Trump a menacé d’une taxe de 200 % sur les vins et spiritueux européens.

Le Canada est aussi dans le maelstrom. Les États-Unis taxent tous les produits canadiens à 25 %. Le Canada fait de même sur 30 milliards de dollars, dont le jus d’orange, et promet de taxer 125 milliards de plus si la situation ne change pas. Le canola canadien, les tourteaux et huiles sont touchés de plein fouet, les USA étant le principal débouché, pour 10 milliards de dollars. Les flux pourraient être réorientés vers l’Europe et faire baisser les cours. Depuis le 21 mars, la Chine taxe à 100 % les tourteaux et les huiles canadiennes (1 milliard d’ USD en jeu), sans toucher aux graines, dont elle a grand besoin pour nourrir ses porcs.

La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis reste également de mise, avec des droits de douane réciproques à 20 % sur quantité de produits agricoles, dont le soja américain. Or, les volumes produits aux États-Unis atteignent des records à 128 Mt qu’il faut écouler, dont 50 Mt attendus à l’exportation. La Chine absorbe 110 Mt de soja et achète pour 7 Mrd$ de soja et dérivés aux États-Unis. Un échange est prévu entre Trump et Xi Jinping, ce qui pourrait augurer d’un assouplissement.

Tous ces événements ont des répercussions sur les cours. En Europe, le colza sur le FOB Moselle a crevé le plancher des 480 €/t, du jamais vu depuis octobre, en début de campagne. Le 25 mars, le cours revenait à 496 €/t sur le FOB Moselle, sans repasser la barre des 500 €/t. Le colza sur Euronext fait aussi grise mine, de 470 à 500 €/t selon les échéances jusqu’en 2026. Le tournesol résiste à la pression baissière, faute de volume, et s’échange à Saint-Nazaire à 660 €/t, un prix qui va favoriser les semis.

Au Canada, les cours du canola sur l’ICE ont plongé à 415 USD, dans l’attente des décisions de Trump et du nouveau premier ministre canadien, Mark Carney, très remonté. On dit que Trump pourrait reculer face au tollé mondial, qui a des répercussions sur l’économie américaine. Le prix du soja à Chicago, produit par les farmers américains, patauge autour de 370 US$/t. C’est peu, d’autant que le dollar se déprécie. Et on voit apparaître de nouvelles alliances inattendues, entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud, ou l’Europe et le Canada. L’issue de la guerre commerciale n’est pas encore écrite…