Le lin est particulièrement sensible aux attaques d’altises Aphthona euphorbiae et Longitarsus parvulus entre le semis, soit de mi-mars à fin avril, et le stade de 4 à 5 cm de hauteur. Les dégâts causés par ces insectes sont très visibles, ressemblant à des perforations. Lors d’attaques sévères, Jeanne Fourny, ingénieure régionale chez Arvalis, en Normandie, les qualifie même « d’impressionnants » avec des plantules entièrement dévorées ! Tout doit donc être mis en œuvre pour éviter une infestation. Premier levier à actionner, si possible : le décalage de la date de semis.
« Un semis tardif réduit la durée d’exposition du lin aux altises, tandis qu’un semis précoce allonge cette période critique, indique Jeanne Fourny. En effet, plus le lin atteint rapidement le stade de 5 cm, plus il devient robuste et résistant aux attaques. »
Trois méthodes de surveillance des altises
Ce levier agronomique ne dispense pas d’une vigilance accrue durant la période de sensibilité de la plante. « Nous recommandons alors de suivre la parcelle tous les 24 à 48 h », explique l’ingénieure. Trois méthodes complémentaires permettent d’évaluer la population d’altises et d’ajuster la protection insecticide. La première consiste à poser une feuille A4 au sol, de marcher autour et de compter les insectes qui bondissent dessus. La deuxième s’appuie sur le comptage des morsures par feuille de lin. La dernière utilise des cuvettes jaunes, à moitié enterrées au semis et relevées tous les deux à trois jours. Attention, cette technique peut être fastidieuse : une seule cuvette peut piéger plus de mille altises. Elle sert surtout à détecter la période d’arrivée du ravageur dans la parcelle. « Les conditions météorologiques jouent également un rôle important pour déterminer le risque car les altises sont plus actives par temps chaud et sous un fort rayonnement », prévient Jeanne Fourny.
Les seuils d’alerte sont définis ainsi : de 0 à 3 altises sur une feuille A4, le risque reste faible ; entre 4 et 6, il devient modéré ; au-delà de 7, il passe à élevé. Les interventions se raisonnent selon la grille d’évaluation du risque disponible sur le site Arvalis.fr et la météo. « En cas de risque modéré et de prévisions annonçant un temps nuageux ou pluvieux, mieux vaut patienter jusqu’au lendemain pour réévaluer la situation et reporter le traitement », complète l’ingénieure. Par ailleurs, un risque faible ne signifie pas un relâchement de la surveillance ; les comptages doivent se poursuivre.
Optimiser sa stratégie de lutte
Pour un risque moyen à élevé, le choix se porte sur Karaté Zeon ou équivalent (lambda-cyhalothrine ) à une dose de 0,075 l/ha. Cependant, lors d’attaques précoces et intenses, le programme repose sur un premier passage avec Trebon 30 EC (etofenprox) à 0,2 l/ha. Deux interventions peuvent être nécessaires si le risque est élevé comme une double application de lambda-cyhalothrine à 0,075 l/ha à 3 ou 4 jours d’intervalle (ou plus espacé selon l’intensité des attaques). Quoi qu’il en soit, le volume minimal de la bouillie est de 150 l/ha pour assurer une bonne répartition de la pulvérisation. « Quant aux conditions de traitement, elles sont optimales en fin d’après-midi, lorsque les altises sont actives et exposées sur la parcelle », observe Jeanne Fourny.
Retrouvez la grille de risque sur Arvalis.fr et les conseils dans le webinaire Protection intégrée du lin fibre.