La campagne betteravière 2025-2026 a débuté avec les premiers semis réalisés début mars dans plusieurs de nos régions. C’est de bon augure, même si nous restons évidemment exposés aux caprices de la météo. Rappelons en effet qu’un semis précoce, même s’il majore le risque d’exposition au gel, est un élément central dans la construction du rendement final, puisqu’il permet d’allonger la période de végétation de la plante.
Pour mémoire, la barre des 50 % de surfaces semées en France n’avait été franchie que le 9 avril en 2023 et le 14 avril en 2024, le rendement moyen national s’étant établi respectivement à 83 et 80 tonnes à 16 ces deux dernières années.
Si un semis précoce y contribue de manière significative, tout agriculteur sait que son rendement se construit tout au long du cycle végétatif et passe aussi par le maintien d’un bon état sanitaire de la plante, au-delà de conditions météo propices.
À ce sujet, en 2025, les betteraviers de France restent pleinement exposés au risque jaunisse, dans l’attente du vote par l’Assemblée nationale de la proposition de loi visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ».
Ce vote pour réautoriser deux substances actives interdites uniquement en France pourrait intervenir à la mi-avril. Toutefois, même en cas de vote favorable, ces molécules pourraient être utilisées sur nos betteraves au mieux en 2026.
La modélisation de la présence des pucerons utilisée par l’ITB est plutôt rassurante pour 2025 : la date d’arrivée moyenne des pucerons se situerait au 13 mai. Mais ce n’est qu’une modélisation, la vigilance devra être de mise sur le terrain !
Depuis 2020, l’une des avancées majeures du PNRI est d’avoir fait beaucoup progresser la connaissance de la dynamique du couple pucerons/virus. L’existence de différents réservoirs viraux a ainsi été mise en évidence : cordons de déterrage, présence de collets ou de repousses de betterave dans les anciennes parcelles, couverts de phacélie.
Dans son propre intérêt et celui de tout son bassin de production, chaque betteravier a la responsabilité de traquer et d’éradiquer tous ces réservoirs viraux au sein de son parcellaire. L’addition de ces actions dites « prophylactiques » est le meilleur rempart contre la jaunisse, en réduisant la présence des virus et leur propagation.
Pour autant, la prévention ne suffit pas toujours et il importe que nous, agriculteurs, puissions disposer également de moyens curatifs adaptés à la situation sanitaire de chaque année. C’est une nécessité pour réduire notre risque, assurer nos rendements, garantir notre revenu et pérenniser notre filière. Cela l’est tout autant pour maintenir l’autonomie et la souveraineté alimentaires de notre pays et de l’Europe.