Le principe de ces systèmes d’analyse directe consiste à envoyer de la lumière sur le produit organique. Celle-ci est ensuite réfléchie et analysée à l’aide d’un capteur (HarvestLab 3000 pour John Deere et NutriSense pour New Holland utilisateur de la technologie Evo NIR 4.0 de Dinamica Generale). Ce dernier détecte des ondes dans l’infrarouge IR. « Les fréquences émises par la lumière sont réfléchies différemment selon l’élément constituant le produit organique, indique Nicolas Briens, spécialiste en agriculture de précision au sein du groupe CNH. La lecture, instantanée, permet de définir une valeur pour chaque élément ».
Une fertilisation organique plus précise
Les deux systèmes, Manure Sensing ou Nutrisense, sont certifiés DLG (Deutsche Landwirtschaftsgesellschaft), labellisation allemande qui garantit la conformité et la précision des données. Ces dernières sont basées sur des analyses comparatives d’essais réalisés au champ et en laboratoire. Tous les échantillons servent à l’élaboration de courbes de référence qui associent une longueur d’onde à une valeur. Ainsi, l’algorithme nécessaire aux calibrages des calculs est actualisé en continu. « À l’origine, ces capteurs IR ont été conçus pour équiper des ensileuses afin d’analyser le taux de matière sèche des récoltes de maïs, d’herbe et de céréales immatures, explique Romain Lassausse, spécialiste en agriculture de précision chez John Deere. Des analyses en laboratoire ont permis d’augmenter la précision de lecture de ces capteurs et, par conséquent, d’élargir leur plage d’utilisation ».
HarvestLab 3000 ou NutriSense s’utilisent essentiellement lors de l’épandage (dans ce cas, le capteur est localisé à la sortie de la tonne). Cette solution offre une mesure complète des éléments fertilisants (notamment NPK) au fur et à mesure de leur apport au sein de la parcelle. « Pour fertiliser correctement une parcelle, il est essentiel de connaître a minima la teneur en éléments fertilisants du produit organique », précise Jérôme Ménétrier, spécialiste en agriculture de précision chez New Holland. Ces systèmes permettent ensuite d’adapter la fertilisation minérale.
La vitesse s’adapte automatiquement à la composition de l’effluent
Pour apporter l’azote de manière régulière sur la parcelle, l’agriculteur a le choix : déterminer une vitesse moyenne d’avancement ou s’équiper d’un débitmètre pour que la vitesse du tracteur s’adapte automatiquement à la composition de l’effluent. « Dans sa console John Deere, l’agriculteur paramètre la quantité d’unités d’azote qu’il souhaite apporter par hectare, indique Romain Lassausse. La vitesse du tracteur se régule ainsi instantanément en fonction de la largeur de travail, du débit à la pompe et de la concentration en azote de l’effluent, mesurée par le capteur à raison de quatre informations par seconde. Par la lecture, Manure Sensing permet de gérer l’hétérogénéité d’un effluent et d’apporter à la parcelle la juste dose souhaitée ». Cette technologie sera également prochainement disponible pour le système NutriSense, via l’isobus classe III qui contrôlera la vitesse du tracteur chez CNH. « Cette gestion automatique de l’avancement évite une surfertilisation de la parcelle et offre plus de maîtrise dans la régularité de la dose d’apport », indique Jérôme Ménétrier.
Cependant, elle reste possible sur d’autres machines partenaires. Dans ce cas, des équipements spécifiques sont nécessaires mais ne permettent pas encore de gérer automatiquement la vitesse d’avancement.
Valoriser l’investissement
Quelle que soit la marque, ces solutions représentent un investissement important. C’est pourquoi elles séduisent davantage les ETA et les CUMA qui peuvent les valoriser plus largement. Certaines unités de méthanisation utilisent également cette technologie. Elles ont besoin de connaître les composantes des ensilages et des digestats dont la composition est variable. « Plus l’agriculteur et le technicien disposent de données, plus il est possible d’affiner les analyses et de gérer avec précision les apports globaux d’engrais sur la culture, souligne Nicolas Briens. L’agriculteur ne réalise pas directement d’économies avec ces systèmes, mais il utilise mieux ses engrais ».
« La vitesse du tracteur se régule ainsi instantanément en fonction de la largeur de travail, du débit à la pompe et de la concentration en azote de l’effluent. » Romain Lassausse
En plus d’une utilisation pour mesurer la dose de l’effluent organique liquide lors de l’épandage, les capteurs Harvest Lab 3000 et NutriSense s’emploient lors des ensilages. Ils permettent de contrôler en direct leur taux de matière sèche (MS), de protéines et leur valeur nutritionnelle (fibres neutres et acides), etc. À noter que pour les céréales immatures comme le seigle, seule la MS peut être lue par ces capteurs, ceux-ci ne pouvant percevoir que des longueurs d’onde associées à une valeur de laboratoire. Ces systèmes peuvent également équiper des moissonneuses-batteuses pour détecter l’amidon (céréales à paille, maïs), la teneur en protéines (céréales à paille, maïs, colza, soja) et la teneur en huile (colza, soja).