Il est plus facile de prévoir la météo à quinze jours que la politique douanière du président Donald Trump à Washington. Son imprévisibilité crée un climat d’incertitude qui n’épargne pas les marchés. Les prix des grains baissent.

À Rouen, le cours du blé a perdu une dizaine d’euros en 15 jours (texte écrit le 11 mars 2025). Il est revenu à son niveau d’il y a trois mois. À Bordeaux, le maïs est repassé sous le seuil de 200 € la tonne. La demande mondiale faiblit. La Chine est nettement en retrait sur les marchés avec des importations comprises entre 7 et 10 Mt d’ici la fin de la campagne (plus de 20 Mt les années précédentes) car l’été dernier, l’exceptionnelle récolte de maïs (295 Mt ; +20 Mt en deux ans) a rendu la céréale plus compétitive sur le marché chinois que les grains importés.

Autres facteurs baissiers des prix des céréales : l’état des céréales d’hiver aux États-Unis. La vague de froid qui a frappé le Middle West aurait fait moins de dégâts qu’escompté. Et l’USDA a annoncé que la surface emblavée de blé (37 millions d’hectares) est supérieure à l’an passé d’un million d’hectares.

A contrario, les nouvelles de Russie (faiblesse des stocks de report et baisse des capacités d’exportation à venir en 2025-2026 à 39 Mt) n’ont pas fait réagir les marchés. Mais le renfort du rouble rend le blé moins compétitif.

À quatre mois de la fin de campagne 2024-2025, les exportations européennes de grains (autour de 21 Mt) sont inférieures à l’an passé et les objectifs de campagne sont loin d’être atteints.

L’Union européenne (UE), plombée par sa faible récolte de l’été passé, n’a pas pu imposer ses céréales sur les marchés. Et pour les agriculteurs, les prix de sortie ferme n’auront pas couvert leurs coûts de production pour la récolte 2024.

En huit mois de campagne, les 14 Mt de blé expédiées représentent 60 % des objectifs de fin de campagne (25 Mt selon le comité de gestion des cultures). L’an passé, 8 Mt de blé en plus avaient déjà été exportées.

Un peu moins de la moitié des grains expédiés a été acheminée au Nigéria (2Mt), au Maroc (1,6 Mt), au Royaume-Uni (1Mt), en Algérie (1 Mt) et en Égypte (900 000 tonnes). Mais l’UE a d’ores et déjà livré deux fois moins de blé vers l’Algérie et vers le Maroc que la campagne passée. Mais le Royaume-Uni manquant de blé, il en a importé trois fois plus de l’UE. Afin de produire et d’exporter 1,5 Mt équivalent blé de farine, l’Égypte privilégie l’origine russe à l’européenne.

Pas d’exploits pour l’orge

Sur le marché de l’orge, l’UE ne réalise pas non plus d’exploits. Toujours en huit mois de campagne, elle n’en a vendu que 3,2 Mt, soit 800 000 tonnes de moins qu’en 2023-2024. Et surtout ses objectifs de campagne de 6 Mt paraissent difficilement atteignables.

Seules les ventes de malt (2 Mt) sont similaires à l’an passé.

S’il y a moins d’exportations européennes depuis le début de la campagne, il y a aussi moins d’importations : 21 Mt de céréales dont 5,6 Mt de blé (- 800 000 tonnes), 1,2 Mt de blé dur (- 600 000 t), 13,8 Mt de maïs (+ 1Mt) et accessoirement 50 000 tonnes de seigle, d’avoine et de sorgho.

L’Ukraine en a exporté environ 12 Mt en UE. En ajoutant les livraisons moldaves et serbes, cette dernière a importé près de 13,5 Mt de grains d’Europe orientale. D’Amérique n’ont été acheminées que 4 Mt de maïs brésilien et étasunien, 760 00 tonnes de blé dur canadien et 300 000 tonnes de blé tendre.

FranceAgriMer revu le mois dernier les ambitions commerciales hexagonales à l’export vers les pays tiers à la baisse : 3,4 Mt de blé (10 Mt en 2023-2024) et 2 Mt d’orges (3,8 Mt) mais les ventes de malt (1,4 Mt) et de maïs sont maintenues à leur niveau de l’an passé.

Selon la Commission européenne, la France a exporté vers les pays tiers 1,5 Mt de blé, 720 000 tonnes d’orges et 451 000 t de malt depuis le début de la campagne.