Tous les pays européens prévoient une diminution de leurs surfaces betteravières. L’analyste S&P anticipe une production d’un million de tonnes de moins que l’an passé.

Les marchés mondiaux du sucre sont en forme : d’une part, la tendance haussière du sucre brut se tient et, d’autre part, la prime de blanc est désormais supérieure à 110 $/t sur l’échéance de mai prochain… Cela confirme que la demande mondiale en sucre reste robuste sur le court terme, dans un contexte de déficit mondial – autour de -2 Mt sur la campagne en cours, selon S&P.

Ce même analyste a tenté, la semaine dernière, d’anticiper les surfaces européennes qui seront semées en betteraves d’ici quelques semaines. Alors que beaucoup d’analystes anticipaient des baisses de -3 à -5 %, S&P est encore plus pessimiste, avec une baisse moyenne européenne qui pourrait atteindre -7 %.

Les pays à l’est de l’Europe semblent, malgré les aides couplées à la betterave dont ils bénéficient, les plus en souffrance : la Roumanie verrait ses surfaces baisser de 12 %, tout comme la Hongrie. Ces pays restent de petits pays producteurs, avec moins de 20 000 hectares de betteraves chacun. Il est vrai qu’ils ont été les plus touchés par les importations ukrainiennes lors de la dernière campagne, et que les conditions climatiques et sanitaires ont été particulièrement difficiles.

Mais les « gros » pays producteurs ne sont pas en reste : S&P applique aux Pays-Bas la consigne qui a été donnée par la coopérative Cosun de baisser les surfaces de 9 % l’an prochain, estimant à 80 000 ha les surfaces betteravières du pays – il faut revenir six ans en arrière pour trouver un niveau aussi bas. En Pologne, S&P anticipe 255 000 ha, soit une baisse de 7 %, comme en Allemagne qui atteindrait ainsi 355 000 ha. La France, selon S&P, repasserait tout juste sous les 390 000 ha, en raison d’une baisse de surface de 5 %.

Il est, dès lors, tentant d’appliquer le rendement moyen olympique de chaque pays à ces nouvelles surfaces : on obtiendrait autour de 15,6 Mt de sucre. Selon l’analyste, c’est un million de tonnes de moins que l’an passé.

On comprend mieux la progression du marché spot, depuis le début de la campagne betteravière : le sucre a gagné plus de 50 €/t et dépasse désormais les 560 €/t dans la région Nord-Ouest de l’Union à 27, voir les 610 €/t en Europe méditerranéenne. Il n’y a pas réellement de nouvelles démarches de contractualisation à cette période de l’année : ces valeurs sont bien le reflet de l’anticipation d’une moindre production, mais aussi, vraisemblablement, d’un moindre accès du sucre ukrainien. Car, même si la situation est bien nébuleuse en Ukraine, le maintien du contingent actuel (262 000 t) est, de plus en plus l’hypothèse (très ?!) maximale…

Timothé Masson, CGB

Le marché mondial se redresse… et le marché européen a-t-il atteint son plus bas ?