L’E85, qui représente 6 % du marché des essences, a progressé de 7 % en 2024. Il faut dire qu’à 0,78 €/l, le Superéthanol-E85 devient hypercompétitif. En un an, le prix à la pompe a baissé de 12 centimes/litre. Au 24 janvier 2025, l’écart par rapport au prix moyen du SP95-E10 (1,78 €/l) atteint 1 € par litre ! « Cela permet aux automobilistes d’économiser près de 729 € par an pour 13 000 km parcourus par rapport à l’essence SP95-E10 et plus de 1 121 € pour 20 000 km », a révélé Sylvain Demoures, secrétaire général de Bioéthanol France lors d’une conférence de presse de la Collective du bioéthanol, le 28 janvier dernier.
La distribution de l’E85 progresse encore avec 268 nouvelles stations (+7 %). La France compte aujourd’hui plus de 3 800 points de vente d’E85, soit 40 % des stations-service.
Le parc automobile flex-E85 augmente de 8 % et atteint 400 000 véhicules fin 2024, dont 250 000 véhicules essence équipés de boîtiers E85 (eFlexFuel, FlexFuel Energy development et Biomotors) et 150 000 véhicules flex-E85 d’origine. Ce dernier marché est aujourd’hui dominé par la Ford Kuga hybride E85. Et Louis-Carl Vignon, président de Ford France, d’annoncer : « j’ai personnellement fait l’expérience avec le Kuga FHEV E85. Le coût de 6 euros au 100 km est imbattable ».
La fiscalité devient avantageuse pour les flottes d’entreprise en 2025. Depuis le 1er janvier, les entreprises dont la flotte automobile est composée de voitures combinant l’électricité et le Superéthanol-E85 émettant moins de 250 g CO2/km bénéficient d’une réduction de 40 % des émissions de CO2 pour le calcul de la taxe sur les véhicules de société. Autre avantage : la conversion à l’éthanol permet de circuler dans certaines zones à faibles émissions mobilité (ZFE), comme dans les agglomérations du Grand Reims et de Montpellier.
Carburants neutres en CO2
Le secteur de l’éthanol se prépare aussi à l’échéance très redoutée de la fin des véhicules neufs équipés d’un moteur thermique en 2035. La majorité du Parlement européen a convenu avec la Commission européenne de reprendre cette question au plus tard en 2026, à l’occasion de la révision du Règlement européen sur les émissions de CO2 des véhicules légers neufs. L’accord politique comprend la poursuite de la vente des véhicules neufs équipés de moteurs thermiques après 2035, à condition de les faire fonctionner avec des carburants neutres en CO2, au nom de la neutralité technologique vis-à-vis des véhicules 100 % électriques. Or, la définition des « carburants neutres en carbone » est en cours à Bruxelles : huit états membres sont en faveur des biocarburants, mais la France n’a pas encore pris position ! Pour respecter la neutralité technologique, la Collective du bioéthanol plaide pour des hybrides rechargeables flex-E85 roulant au Superéthanol-E85 100 % renouvelable. Il s’agit d’un carburant où les 15 % d’essence fossile seront remplacés par de l’essence renouvelable issue de coproduits des carburants d’aviation durable (CAD) de type naphta. Grâce à cette synergie, le bioéthanol permettra indirectement de décarboner le secteur aérien !