Le 5 juin prochain, à quoi ressemblera la relation entre l’Union européenne et l’Ukraine ?
À ce jour, nous sommes totalement dans le flou quant à l’importance du contingent d’importations de sucre que la Commission européenne va accorder à l’Ukraine.
Les Ukrainiens ne s’en cachent pas : ils souhaitent continuer à nous envoyer 500 000 tonnes de sucre. Nous demandons le retour au contingent minimum d’avant-guerre (20 000 tonnes), et la Commission européenne laisse planer le doute sur sa position.
Rappelons-le : les agriculteurs européens, et parmi eux les betteraviers que nous sommes, avons déjà largement financé la guerre en Ukraine. Nous avons perdu plus de 10 €/t de betterave en une campagne. De plus, cette guerre a également fait exploser nos coûts de production.
Cela doit désormais s’arrêter. Notre perte de compétitivité doit être prise en compte : notre filière et nous betteraviers n’avons plus les moyens de supporter cette concurrence déloyale.
La Commission européenne doit montrer dans la négociation qu’elle ne bradera pas notre agriculture. Elle doit être ferme : oui, l’Europe est aux côtés des Ukrainiens, mais non, ce n’est plus aux agriculteurs de payer la note.
Car rappelons-le : jamais notre modèle d’agriculture familiale ne rivalisera avec l’agriculture ukrainienne exportatrice, fondée sur des exploitations mille fois plus grandes que les nôtres, avec des normes qui n’ont pas évolué et demeurent interdites chez nous. Je veille à ce que ce message soit porté par nos structures européennes : la CIBE et le COPA.
Nous, agriculteurs, pouvons comprendre que la négociation demande du temps, que tout doit être pesé et que les enjeux dans cet accord entre l’Union européenne et l’Ukraine dépassent le seul périmètre agricole. Mais il y a urgence, Bruxelles doit donner le signal clair que le modèle de l’agriculture familiale, qui a fait l’histoire agricole européenne, qui a été bâti par la PAC, sera préservé.
Or, il faut reconnaître que les réponses sont insuffisantes à ce jour. En termes de négociations internationales, le dernier message est la gifle, donnée par Ursula von der Leyen à tous les agriculteurs européens, le 6 décembre dernier : entre le Mercosur et nos filières alimentaires, elle a fait le choix des importations.
Il est donc urgent que la présidente de la Commission européenne se ressaisisse.
Dans la perspective éventuelle d’une adhésion de l’Ukraine, la Commission doit le dire clairement : si l’Ukraine se rapproche, ce ne pourra être que dans le cadre des règles de l’Union, décidées à 27, avec le Conseil et le Parlement, et non dans une négociation de coin de table !