À partir du 29 mars 2025, l’herbicide Avadex 480 ne sera plus autorisé. Il s’employait dans les parcelles avec une forte pression en graminées en incorporation avant le semis. Pour anticiper son retrait et éviter les impasses techniques, Arvalis évalue depuis 2021 le Colzamid d’UPL. Ce produit contient 450 g de napropamide et vise notamment le vulpin, le ray-grass et certaines dicotylédones complexes, dont le coquelicot et le géranium.
« Lors de nos premiers essais dans l’Eure et le Nord-Pas-de-Calais, nous avons constaté que les applications en prélevée sont nettement plus sélectives que celles en présemis, positionnement pour lequel nous avons eu des pertes de pieds, indique Benoît Normand, ingénieur régional Hauts-de-France chez Arvalis. Contrairement à l’Avadex 480, le Colzamid ne peut donc pas être incorporé au sol avant le semis ».
Positionnement en prélevée du Colzamid
Pour affiner les recommandations, notamment en termes de dosage, Arvalis a conduit quatre essais supplémentaires durant la campagne 2023-2024 : deux sur le lin d’hiver et deux sur le lin de printemps dans l’Eure et le Nord Pas-de-Calais.
« Colzamid nous paraît adapté dans les programmes de lutte, notamment contre les fortes infestations de graminées, résume BenoÎt Normand. Néanmoins, il doit être réservé aux parcelles qui posent le plus de problèmes et son application doit respecter certaines précautions d’utilisation que nous avons définies en lien avec le fabricant. » Ainsi, il s’applique exclusivement en post-semis prélevée, dans les 48 heures suivant le semis, à une dose maximale de 1,5 l/ha. Les prévisions climatiques dans les 7 à 10 jours suivants ne doivent pas annoncer de gel ou d’excès de pluie. Toutefois, son usage est déconseillé sur sols filtrants ou lors de semis tardifs notamment en lin d’hiver. Une bonne structure de sol limite aussi les risques de phytotoxicité, Colzamid ayant une action en partie racinaire.
Concernant son mélange avec d’autres produits, il reste encore en phase d’évaluation et est pour le moment déconseillé.
Maintien des programmes classiques en pression adventices modérée
Les programmes herbicides classiques restent adaptés aux situations où la pression des adventices est moins complexe, avec des solutions ajustées selon le type de lin cultivé.
Ainsi, le désherbage en prélevée du lin de printemps peut s’appuyer sur des applications de CalliPrime (mésotrione) à 0,3 l/ha, de Callisto (mésotrione) à 1,5 l/ha, ou encore de Decano (sulcotrione) à raison de 2 l/ha. Si les dicotylédones dominent, des programmes en post-levée, au stade 3 à 5 cm, prennent le relais. Dans ce cas, Métiss (2,4-MCPA) peut être appliqué à 0,25 l/ha. Une autre option consiste à appliquer du Chekker (méfenpyr-diéthyl, amidosulfuron, iodosulfuron-méthyl-sodium) à 0,18 à 0,2 kg/ha en association avec du Basagran (bentazone) à 0,4 kg/ha, ou encore de l’Allié SX (metsulfuron) à 0,015 à 0,02 kg/ha.
Pour les infestations importantes de graminées, le contrôle en post-levée au stade 3 à 5 cm peut être assuré avec du Select (cléthodime) à 0,5 l/ha, complété par 0,5 l/ha d’huile et de sulfate d’ammonium. Une autre solution efficace consiste à appliquer du Foly’R/Noroit (cléthodime) à raison de 1 l/ha ou du Stratos Ultra entre 1,5 et 2 l/ha, toujours en combinaison avec de l’huile et du sulfate d’ammonium.
Pour le désherbage du lin d’hiver (voir BF N° 1188), si les graminées lèvent en abondance au printemps, un rattrapage est possible avec du Select à 0,5 l/ha, accompagné d’huile et de sulfate d’ammonium à 0,5 l/ha. Foly’R à 1 l/ha ou Stratos Ultra à 1,5 l/ha offrent aussi des résultats satisfaisants lorsqu’ils sont combinés avec de l’huile et du sulfate d’ammonium.
Retrouvez tous les conseils désherbage dans les webinaires Arvalis sur la protection intégrée du lin et dans le guide de poche 2025 consacré à cette culture.
Un programme 100 % mécanique peut être envisagé avec dès que le lin atteint à 2 à 3 cm. Il s’effectue à l’aide d’outils comme la herse étrille ou la houe rotative. Il est également possible de combiner plusieurs outils : des interventions précoces avec des herses suivies de binage plus tardif, en ciblant des stades de développement ne dépassant pas 10 cm.
« Un programme mixte, intégrant une prélevée chimique pour réduire l’infestation initiale et limitant ainsi les interventions en post-levée, s’avère souvent pertinent, partage Benoit Normand d’Arvalis. Cela permet de maintenir un niveau de propreté satisfaisant en début de cycle tout en minimisant l’impact sur le développement de la culture. »