« Le PNRI-C n’a pas identifié une seule solution qui permette d’arriver à un niveau de protection suffisant », déclare Audrey Fabarez, coordinatrice des fermes pilotes d’expérimentation du PNRI-C. L’ITB a donc confirmé que la combinaison de plusieurs méthodes de lutte contre la jaunisse était indispensable, lors d’un webinaire organisé le 21 janvier*.
Qu’il s’agisse des repousses de collets dans les céréales des années suivantes ou encore de celles des cordons de déterrage, la gestion des réservoirs viraux est un levier clé de la lutte préventive. Il faut être très attentif aux cordons, puisque « des analyses ont montré que 11 % des échantillons sur les repousses de cordons de déterrage étaient contaminés au printemps 2024 », indique Quentin Tilloy, responsable agronomique de Cristal Union.
Du préventif au curatif
Les aphicides homologués Teppeki (flonicamide) et Movento (spirotétramate) restent des piliers de la lutte contre la jaunisse. Soumis à des contraintes règlementaires, notamment pour le Movento qui doit faire l’objet d’une dérogation d’usage annuelle, ils offrent « un intervalle d’efficacité de 62 % à 72 % contre les pucerons » 15 jours après application. Cependant, leur seule utilisation demeure insuffisante face à d’importantes pressions virales. Le PNRI-C explore donc des approches complémentaires, comme les plantes compagnes. Semées autour des betteraves, ces graminées permettent de limiter leur colonisation par les pucerons. Les résultats montrent que l’association du Teppeki et de plantes compagnes permet de renforcer l’efficacité de la protection, tout en réduisant les doses d’aphicides. Toutefois, ces plantes doivent être détruites avant qu’elles ne concurrencent les betteraves.
Le biocontrôle offre aussi des pistes prometteuses. Ces produits visent à écarter les pucerons des betteraves ou à attirer leurs prédateurs naturels. Une fois couplés à un aphicide, les produits de biocontrôle renforcent l’action préventive et curative. Des lâchers d’auxiliaires ont également été mis à l’essai. « On observe toujours un décalage entre l’arrivée des pucerons et celle des auxiliaires sur les parcelles. L’objectif est de faire coïncider les pics de ces deux populations », indique Damien Andrieu, ingénieur du service agronomique de Tereos. Les résultats doivent être cependant consolidés, car l’efficacité est incertaine dans les essais.
En combinant ces leviers, la filière betteravière espère mieux protéger les cultures tout en répondant aux exigences croissantes en matière de durabilité. Mais, comme le rappelle Fabienne Maupas, directrice du département technique et scientifique de l’ITB, ces solutions ne peuvent fonctionner qu’avec l’implication collective de tous les acteurs du territoire.
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Webinaire à revoir sur le site https://www.itbfr.org/.