Les prix des céréales n’ont pas connu d’évolution notable ces quinze derniers jours. L’abondance de blé en Australie et en Argentine contrebalance le climat d’incertitude en Russie. Or, la production mondiale de froment est toujours déficitaire, avec des stocks de report (123 Mt) au plus bas.
Selon le Conseil international des céréales (CIC), la Russie ne pourrait finalement exporter que 43,7 Mt de blé cette campagne-ci (versus 55,6 Mt en 2023-2024). Et comme les conditions de culture ont été jusque-là défavorables, la prochaine récolte n’excèderait pas 78 Mt, rapporte le site Sovecon.ru. Or, l’hiver n’est pas fini!
Au terme de six mois de campagne, les exportations européennes de céréales sont inférieures à celles de l’an passé, selon la Commission européenne. Par exemple, – 6,7 Mt pour le blé à 11,7 Mt ou encore -1 Mt pour l’orge. Mais les livraisons de malt se sont maintenues (1,7 Mt équivalent grains).
Les importations de céréales en UE en provenance des pays tiers se sont aussi repliées comparées à celles de la campagne précédente : -700 000 t pour le blé à 4,7 Mt ; – 850 000 t pour l’orge à 860 000 t et – 450 000 t pour le blé dur à 1,32 Mt. Seules les importations de maïs ont progressé de 500 000 tonnes pour atteindre 11 Mt. Pour rappel, l’UE est déficitaire de 17 Mt.
En six mois de campagne, l’Ukraine n’a pas accru ses parts de marché en UE. Ses exportations de blé (3,2 Mt) se sont repliées de 460 000 tonnes en un an et celles de maïs sont équivalentes à l’an passé (6,2 Mt). N’en déplaise à Donald Trump, l’UE ouvre son marché aux importations de céréales américaines. Depuis le 1er juillet 2024, les USA ont même livré plus de maïs que le Brésil (1,77 Mt versus 1,67 Mt), relégué à la 3ème place des pays fournisseurs de l’UE.
En Europe orientale, la Moldavie et la Serbie font dorénavant partie, comme l’Ukraine, du top 5 des pays qui fournissent l’UE en grains à ses frontières. En six mois de campagne, la Moldavie y a exporté près de 500 000 tonnes de blé et d’orges.
Pour la désenclaver, l’UE lui a ouvert son marché en supprimant la quasi-totalité des quotas d’importation. Sa porte d’entrée est la Roumanie.
Le pays ne dispose que du port fluvial de Giurgiulești, à la frontière de l’Ukraine, donnant accès à la mer Noire.
La Serbie, candidate potentielle à l’UE, entretient aussi des relations commerciales très étroites avec l’UE. En six mois de campagne, le pays balkanique y a expédié près de 860 000 tonnes de céréales en doublant en un an ses exportations de maïs (600 000 t).
Le Canada, premier pays fournisseur de blé dur
Quant au blé dur, le Canada est redevenu le premier pays fournisseur européen (469 000 t ; + 355 000 t). Il est porté par une production abondante (9 Mt) alors que la Turquie a réduit ses ventes par trois (200 000 t), comparées à l’an passé.
À l’export, l’UE voit le marché maghrébin lui échapper. En six mois de campagne, elle ne lui a livré que 3,6 Mt de blé, d’orges et de blé dur alors que l’an passé elle en avait déjà expédié 5,5 Mt.
L’Algérie est devenue un partenaire commercial européen de second plan. Il y a quelques années, elle était le premier pays client de la France et de l’UE. Mais l’Office interprofessionnel algérien des céréales s’en détourne en représailles, notamment, aux positions prises par le gouvernement français sur différents sujets politiques et géopolitiques très controversés. Cette campagne-ci, le Nigéria est le premier client de l’UE pour le blé (1,8 Mt). Il détrône le Maroc en seconde position (1,2 Mt ; -1,6 Mt sur un an).
La Chine privilégie d’autres origines que l’européenne pour importer les 38 Mt de céréales dont elle a besoin (-20 Mt sur un an) pour boucler sa campagne d’approvisionnement. Elle ne figure plus dans le top 5 des pays importateurs européens de blé et elle n’a acheté aux vingt-sept que 300 000 tonnes d’orges.