Les secrets de la réussite du travail en commun

« En cas de tensions relationnelles qui s’aggravent malgré les efforts, la médiation est une voie vers l’apaisement pour retrouver l’équilibre et travailler constructivement. Elle ne règle pas tout mais amène à prendre du recul sur la situation et limite les risques d’escalade », explique Cécile Foissey, coach et médiatrice à la Chambre d’agriculture de la Haute-Marne. Son métier consiste, entre autres, à accompagner les agriculteurs lors de la création d’une société, d’un départ en retraite, d’un conflit entre associés, etc.

Principes de base : valeur mutuelle et lien social

Chacun porte des valeurs qui lui sont propres et qui méritent d’être respectées. « Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises valeurs socialement correctes, souligne la coach. Le principal est de pouvoir les exprimer en toute transparence pour que chacun des membres du groupe en prenne connaissance et identifie celles qui leur sont communes et essentielles. Le cas échéant, il risque d’y avoir de la déception qui peut mener au conflit ».

Autre clé d’une relation sociale réussie : la communication. Pouvoir s’exprimer en sécurité, écouter les autres, se confronter respectueusement, donner et recevoir des critiques constructives, célébrer les réussites, etc., sont autant de compétences indispensables à acquérir pour travailler sereinement à plusieurs. « Le lien social est une parcelle à cultiver comme les autres, explique-t-elle. Si elle n’est pas travaillée, on n’y récolte que des mauvaises herbes. Je conseille donc une hygiène relationnelle régulière dans laquelle il est essentiel d’investir pour fournir un travail durable et de qualité ».

Définir des règles, s’y tenir et les ajuster

Lorsque plusieurs individus décident de s’associer, il est nécessaire de définir des règles communes, de rédiger un règlement intérieur et de s’y tenir, quitte à apporter des corrections au fil du temps selon les objectifs recherchés (efficacité économique, technicité, etc.). Prendre également en considération le temps de la vie, c’est-à-dire accepter que chacun aspire à un équilibre différent entre sa vie professionnelle et privée. Les accidents de la vie peuvent également faire basculer l’entente au travail. Un divorce, une maladie, etc., et les associés ne sont plus en phase. « Tous ces exemples montrent l’intérêt de revoir régulièrement les objectifs définis à un instant précis et de les ajuster si besoin afin de traiter les tensions avant qu’elles ne deviennent des conflits », souligne Cécile Foissey.

Attention aux erreurs de casting

Parfois, certains créent une société ou un groupe dans la précipitation : l’un veut s’installer mais ne peut pas le faire seul et l’autre souhaite un associé. Si les valeurs, les objectifs, les règles de fonctionnement, etc., ne sont pas définis au préalable, il y a des risques pour que cette organisation ne fonctionne pas à plus ou moins long terme. « L’urgence n’est jamais bonne conseillère dans une association durable, avertit la médiatrice de la Chambre d’agriculture. Accepter une situation par contrainte peut mener au clash. Prendre le temps de réfléchir avant de travailler ensemble ». Dans ces situations, un accompagnement peut être utile. Il permet d’échanger sur la vision qu’a chacun du groupe et sur les difficultés rencontrées. « Ce travail préalable sert à poser tous les jalons avant de se lancer dans l’aventure du travail en commun et évite les erreurs de casting particulièrement quand les engagements financiers sont importants », souligne la coach.

En groupe, on partage les responsabilités, les décisions, les réussites comme les échecs. « Dans une équipe, chacun a des talents et des capacités à exploiter, rappelle-t-elle. Le travail collectif est une chance et une richesse qui aboutit souvent à de belles réussites qu’il ne serait pas toujours possible d’envisager seul. Oui, il demande de l’effort, du temps et de l’énergie. Mais c’est un capital pour réussir ».