Bien penser son stockage d’azote liquide à la ferme

Avec la volatilité des cours des engrais azotés et l’intérêt que représentent les solutions azotées liquides, notamment en termes de précision d’application, le stockage à la ferme peut être une option à envisager. Bénéficier d’une citerne d’azote liquide sur le site d’exploitation constitue un avantage certain pour les agriculteurs. « Une des raisons principales qui expliquent l’engouement pour les solutions de stockage d’engrais liquide à la ferme est le contexte territorial lié aux fermetures de coopératives de proximité. Si l’agriculteur doit parcourir 20 à 30 kilomètres pour s’approvisionner en engrais auprès de sa coopérative, il sera plus facilement tenté par le stockage à la ferme », remarque Mickaël Quirin, directeur général de Beiser Environnement. Pour des questions pratiques, détenir une citerne d’engrais liquide sur place permet en outre de disposer des intrants de manière immédiate et sans transport, un atout quand il s’agit de fertiliser le week-end lorsque la coopérative est fermée, alors même que les conditions météorologiques sont propices. Cela permet également de s’affranchir d’éventuelles ruptures de stock, puisque l’agriculteur maîtrise son approvisionnement.

Citerne souple ou métallique

Sur ce point, l’intérêt est aussi économique. « En stockant l’engrais liquide, il est possible de réduire les coûts en commandant un camion complet par exemple directement au port, au meilleur tarif, et en morte-saison », relève Mickaël Quirin. Si les avantages du stockage d’engrais liquides à la ferme arrivent à convaincre les agriculteurs d’investir, les différentes solutions amènent à la réflexion. Double paroi, citernes souples, verticales en polyester ou PEHD etc. la gamme est assez large et l’investissement à prévoir varie considérablement. Pour les équipements les plus onéreux, à savoir les citernes métalliques à double paroi, l’intérêt est d’éviter l’installation d’un bac de rétention. « Les citernes métalliques haut de gamme à double paroi disposent d’une alarme qui va permettre de prévenir les éventuelles fuites, précise Mickaël Quirin. Et à ce jour, ce sont les solutions les plus durables dans le temps ». À l’inverse, un bac de rétention devra être mis en place pour d’autres solutions comme les citernes en simple polyester. Les citernes souples, bien qu’économiquement plus accessibles, représentent un risque de fuite plus élevé qui ne doit pas être pris à la légère, l’azote liquide étant réglementairement répertorié comme produit polluant. Le spécialiste met aussi en exergue que ces solutions de stockage peuvent être plus aisément détériorées, par exemple dans le cas d’actes de vandalisme.

Enfin, la capacité de stockage est à prendre en considération. « Si l’on veut stocker l’équivalent d’un camion pour une livraison par 23 000 litres maximum, cela nécessite une citerne de 30 000 litres afin de s’assurer d’avoir de la marge si la citerne n’est pas totalement vide lors d’un nouveau réapprovisionnement », illustre l’expert. Ainsi, le calibrage du projet devra tenir compte de tous ces aspects : le volume nécessaire en fonction de la surface, et du volume d’engrais commandé annuellement, le souhait de privilégier une installation sécurisée, mais aussi la capacité d’investissement de l’agriculteur.