Un risque endémique sur tout le territoire

L’analyse des cartes de la situation sanitaire au fil des années révèle une présence récurrente de la jaunisse, touchant l’ensemble des régions sans exception. Toutefois, le sud-ouest de la zone de production est particulièrement affecté en raison de sa proximité avec la zone dédiée à la production de semences de betteraves, ce qui contribue à l’accroissement et au maintien du réservoir viral. Même si la pression est restée globalement faible en 2024 au niveau national, il est essentiel de maintenir une vigilance constante quelle que soit la zone de production.

Comment limiter le risque ?

Le pilier de la protection repose sur la gestion prophylactique. Si la dynamique des pucerons n’est pas contrôlable car dépendante des conditions météorologiques, gérer les réservoirs viraux est possible.

Gestion des repousses dans les cordons de déterrage

En mars 2024, l’analyse des repousses de betteraves dans des cordons de déterrage réalisée dans 88 parcelles a montré que 11 % des échantillons étaient contaminés, alors que l’année 2023 n’a pas connu une forte pression jaunisse. Si les résidus n’ont pas été épandus puis enfouis dans la parcelle à l’automne dernier, il est fortement recommandé de limiter la pression virale en retournant les andains de déterrage en période de gel ou lorsque la terre est suffisamment sèche et maniable. Une autre solution est d’appliquer du glyphosate à la dose maximale de 1080 g/ha. Deux usages sont possibles selon l’emplacement du silo :

• Traitements généraux/désherbage/Interculture, jachères et destruction de culture : pour un silo situé en parcelle, mais uniquement en l’absence de labour avant la culture,

• Traitements généraux/désherbage/zones agricoles non cultivées : pour un silo en bordure de parcelle.

Gestion des repousses dans les céréales implantées après betteraves

Cet automne 2024, les conditions humides ont pénalisé la qualité de l’arrachage. Des collets libres sont restés au sol, parfois sur des zones entières de parcelles. En l’absence de labour préalable au semis de la céréale d’hiver, le risque de repiquage des betteraves potentiellement infectées est important. Dans ces situations, il est recommandé de vérifier si des repousses de betteraves ont survécu aux températures froides de l’hiver et aux désherbages d’automne. En présence de repousses, il convient d’appliquer fin mars-début avril un anti-dicotylédone.

Différents produits sont efficaces sur repousses de betteraves, parmi lesquels :

• Aligator, Allie star sx, Harmony MSX, Pragma SX, Atlantis pro (HRAC 2)

• Bofix, Ariane new, Starane 200, Chardol 600, Lonpar, Omnera LQM, Zypar (HRAC 4)

• Vérifier les usages de chaque produit en fonction de la culture en place.

Autres réservoirs ?

Il n’est pas exclu que des adventices constituent également des réservoirs viraux. Les virus de la jaunisse ont par exemple été détectés dans des plantes de matricaire, fumeterre, laiteron, séneçon, arroche, lamier pourpre… Les virus de la mosaïque et le BYV circulent également entre la betterave sucrière et la phacélie. Il est donc important de bien détruire les couverts d’interculture à base de phacélie avant les semis de betteraves.

Entre 0 et 4 traitements aphicides sont réalisés selon la dynamique des pucerons dans les parcelles. La flonicamide (produit Teppeki) n’étant homologuée que pour un passage, l’ITB demandera une dérogation pour trois passages supplémentaires de spirotétramate, si les modèles épidémiologiques confirment le risque.

Les bons gestes à adopter

1. Supprimer les repousses de betteraves dans les cordons de déterrage et dans les cultures qui suivent une betterave. Les mesures de gestion prophylactique doivent être adoptées partout et par tous pour être efficaces. Cette stratégie permettra non seulement de baisser la pression virale, mais également de réduire l’inoculum du champignon responsable de la cercosporiose.

2. Surveiller ses parcelles dès la levée des betteraves : aller dans les zones abritées du vent pour observer l’arrivée des premiers pucerons.

3. Traiter avec un aphicide lorsque 10 % des plantes sont colonisées.

Il est indispensable que tous les agriculteurs appliquent ces bons gestes et dans toutes les régions betteravières, car il suffit d’avoir quelques sources virales non contrôlées pour que les mesures deviennent inefficaces. En effet, 1 % de pucerons virulifères suffit à contaminer la totalité d’une parcelle du fait de leur forte capacité multiplicative.

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