Les élections aux chambres d’agriculture se tiennent sur fond de crise agricole encore non résolue. Comment les manifestations toujours en cours vont-elles se traduire dans les urnes ? L’alliance FNSEA-JA restera-t-elle majoritaire ? Les abstentionnistes, qui étaient 54 % en 2019, seront-ils tentés de s’exprimer ? Cela profitera-t-il à la FNSEA et aux JA, qui ont encadré les grandes manifestations de l’hiver dernier, ou à la coordination rurale, qui est devenue plus visible sur le terrain avec ses actions parfois musclées ? Quant à la Confédération paysanne, elle a été moins présente dans les manifestations agricoles et a plutôt choisi de lutter contre les « méga-bassines » aux côtés des organisations écologistes. Les agriculteurs valideront-ils cette ligne politique ?
L’alliance FNSEA-JA dirige 97 chambres sur 101
Le précédent scrutin de 2019 avait confirmé une certaine stabilité de la représentation syndicale. L’alliance FNSEA-JA avait obtenu 55,55 % des voix, lui permettant de diriger 97 chambres sur 101. Avec 21,5 %, la Coordination rurale (CR), préside trois chambres (Lot-et-Garonne, Vienne et Haute-Vienne). Juste derrière avec 20 % des voix en 2019, la Confédération paysanne dirige une seule chambre, Mayotte.
Comme on peut le voir, le mode de scrutin favorise la liste en tête, qui obtient 9 sièges sur 18 ; l’autre moitié étant répartie à la proportionnelle entre toutes.
Ce scrutin porte aussi un enjeu financier, puisque la clef de répartition du financement des syndicats agricoles dépend à 75 % du nombre de voix et à 25 % du nombre de sièges. Ce mode d’attribution avantage donc considérablement le premier syndicat arrivé en tête au détriment des seconds.
Les syndicats arrivant en tête aux élections professionnelles obtiennent également la majorité des sièges dans les interprofessions ou dans les instituts techniques agricoles.
Peser sur les décisions politiques
Les élections aux chambres ont un impact direct sur la définition des politiques agricoles et la mise en œuvre de stratégies agricoles sur le terrain. Le principal défi sera donc de passer sous la barre des 50 % d’abstention pour que les agriculteurs puissent faire entendre leur voix… Et surtout passer cette barre donnera une forte légitimité aux Chambres pour peser sur les décisions politiques concernant l’agriculture.