Alexis Hache, président de la CGB de l’Oise : Remplacer l’agriculture française n’est pas écologique

Le président de la CGB de l’Oise a rappelé le problème des distorsions de concurrence, qu’elles soient au niveau européen ou mondial. Mais, si les réglementations en cause sont votées par des responsables politiques dans une visée écologique, le réel de l’agriculture est parfois différent. « Est-ce que celui qui va prendre ma place sur le marché est meilleur ou moins bon que moi écologiquement parlant ? s’est interrogé Alexis Hache. Dans 90 % des cas, il sera moins bon que moi », a-t-il affirmé en évoquant notamment les poulets et le sucre ukrainiens qui sont produits dans des conditions qui ne sont pas acceptées en France. « On demande de la cohérence et de la visibilité ».

Le betteravier a aussi été interrogé sur le regard que porte la société sur les agriculteurs. « Nous sommes bien conscients que c’est une minorité qui nous attaque », a-t-il précisé en rappelant qu’une écrasante majorité de la population française a soutenu les manifestations agricoles de l’année 2024. Par ailleurs, « on sent bien quand on a un épisode compliqué comme celui du covid, que les gens de la ville ont tendance à revenir vers la campagne ». Il regrette cependant que la place des agriculteurs dans les médias soit insuffisante par rapport au rôle qu’ils ont dans la société.

Chats errants : toujours plus
©Matthieu Engelen/CGB

Timothée Dufour, avocat spécialisé dans les questions agricoles : Investir les prétoires

« Le droit agricole s’est complexifié, a expliqué Timothée Dufour, avocat spécialisé dans les questions agricoles. On est passés d’un seul code, le Code civil de 1804, à toute une série de codes : le Code de l’environnement, le Code rural et de la pêche maritime, le Code de l’urbanisme, le Code de la construction. Si vous ajoutez à cela les normes européennes et les engagements internationaux, ce n’est plus une hiérarchie des normes mais une tyrannie des normes », a affirmé l’avocat en faisant le constat d’une agriculture qui s’est judiciarisée. Pour lui, les personnes, ce ne sont plus seulement des personnes physiques qui s’opposent à au modèle agricole actuel, ce sont des associations organisées et structurées.

L’avocat invite les syndicats à investir le domaine de la justice : « trop, souvent, je vois des contentieux stratégiques pour notre agriculture où aucun acteur agricole n’est représenté dans les procédures, se désole-t-il. Pendant trop longtemps, le syndicalisme, c’était quelque chose de bon enfant. Maintenant, il doit non seulement faire du lobbying, mais il doit aussi rentrer dans les prétoires. »

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Jean-Pierre Touzet, directeur du Pôle Agri-Agro, Crédit Agricole SA : Il y a une agriculture qui dégage du revenu

« Il y a une agriculture en France qui est résiliente et qui dégage du revenu. Il faut avoir conscience de cette force », a insisté Jean-Pierre Touzet, qui voulait donner un peu d’optimisme. Le Crédit Agricole a pour mission d’accompagner cette agriculture et le renouvellement des générations. Nous travaillons l’attractivité et l’accompagnement des installations. « Nous avons même construit un taux zéro pour accompagner les jeunes agriculteurs et, aujourd’hui, nous porterons des sujets majeurs pour demain : ceux de l’accès au foncier et du capital. Nous travaillons aussi le sujet du revenu et plus particulièrement les aléas autour du revenu. »

Jean- Pierre Touzet a annoncé que le Crédit Agricole venait de négocier avec l’État des mesures conjoncturelles (soutien des trésoreries) et structurelles qui ont été validées en dehors de la loi de finances. « Nous avons aussi mobilisé des fonds à hauteur d’un milliard d’euros pour travailler avec l’agroalimentaire et aller chercher des innovations. C’est comme cela que l’on continuera avoir une ferme France plus solide.»

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Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril : Savoir utiliser la réglementation

« Grâce à la réglementation, on a réussi à faire des choses », a rappelé Jean-Philippe Puig, pour nuancer l’ensemble des propos de la journée. Il a cité l’exemple du développement des biocarburants, des lois EGalim ou de la qualité de l’alimentation française. Il a aussi cité le rachat de Metex par Avril, devenu Eurolysine, qui était « au bord du gouffre pour une question de réglementation ». Et de déclarer : « on se remonte les manches et on va changer la réglementation au niveau européen » pour faire face aux produits chinois. Pour lui, « il faut travailler cette réglementation pour qu’elle soit à l’avantage du monde agricole, ce que font beaucoup mieux les Allemands que les Français ».

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