Les fermes pilotes sont le laboratoire privilégié des sucreries pour expérimenter les biosolutions dans le cadre du PNRI. En 2024, plus de 50 d’entre elles permettent d’évaluer au champ l’impact de ces leviers dans une diversité de situations. Néanmoins, ce sont surtout les fermes des secteurs de Champagne et du Sud de Paris, là où la pression jaunisse est la plus forte, qui prennent le relais. Les protocoles du PNRI sont communs à tous les services agronomiques des sucreries Cristal Union, Tereos et Saint Louis Sucre ; ils sont discutés au préalable dans le cadre du réseau SAS-ITB.

Malgré des avancées, les résultats restent conditionnés par les aléas climatiques, comme en témoigne la faible pression des pucerons ces dernières années. « Le biais climatique limite nos analyses, détaille Valentine Héry, ingénieure au service agronomique de Cristal Union en charge des essais biosolutions. Il faudra encore plusieurs années pour consolider les données et vérifier la fiabilité des solutions testées. »

Essais sur micro-parcelles et grandes bandes si nécessaire chez Tereos

L’acquisition de solides références nécessite du temps, un principe qui s’applique également aux biostimulants. Les sucreries recherchent plusieurs bénéfices : stimulation des défenses naturelles, vitesse de couverture du rang, davantage de richesse en sucre et de rendement en activant la photosynthèse ou encore une meilleure valorisation de l’azote avec notamment un objectif de décarbonation. Cependant, Guillaume Boutillier, responsable du service agronomie et durabilité chez Tereos, souligne que la grande diversité des produits nécessite d’abord un passage rigoureux par l’expérimentation afin de démontrer des effets significatifs. « Tous les ans, nous mettons en place des essais thématiques innovants concernant les biostimulants ou les biocontrôles, les prochains sont programmés pour le printemps 2025, annonce-t-il. Ces essais sont en micro-parcelles lorsque c’est possible, mais parfois aussi en grandes bandes lorsque c’est nécessaire. Nous nous inspirons aussi des avancées obtenues sur les autres cultures pour essayer de les transposer à la betterave. Ces résultats sont partagés avec nos coopérateurs durant les journées coop d’hiver et dans nos communications techniques. »

Sept chiens de chasse dans le top 20 des acquisitions
<p>Guillaume Boutillier, Tereos : « La diversité des produits impose une expérimentation rigoureuse pour prouver leur efficacité. »</p> ©A.D.

Saint Louis Sucre, essais en grandes parcelles avec les planteurs

Les équipes du service agronomique de Saint Louis Sucre évaluent les biostimulants, depuis trois ans, dans le cadre du programme Mont Blanc. Cette année, les essais concernent des formulations à base d’extraits d’algues, de micro-organismes (bactéries), de lombricompost, d’ingrédients d’origines naturelles… « Nous les menons en grandes parcelles chez une dizaine de planteurs, explique Ophélie Bolingue, responsable agronomique de Saint Louis Sucre. Ainsi, nous mesurons l’impact de chaque produit dans des conditions pédoclimatiques différentes. Notre stratégie est aussi d’intégrer ces produits dans des itinéraires techniques au plus près des conditions des agriculteurs. Cela permet à ceux qui ont envie de se les approprier de voir la praticité, les bénéfices en lien avec les conditions de la parcelle et d’être accompagnés. Notre état d’esprit est de continuer à dupliquer les essais compte tenu du panel considérable de produits, pour ensuite proposer une sélection de références économiquement performantes avec des recommandations d’application. »

Sept chiens de chasse dans le top 20 des acquisitions
<p>Ophélie Bolingue, Saint Louis Sucre : « Les essais biostimulants conduits chez les agriculteurs nous permettent de mieux comprendre les résultats selon différents types de sol et de bien positionner ces produits dans les itinéraires techniques. »</p> ©Saint Louis

Cristal Union, focus sur la valeur du produit en micro-parcelles

Chez Cristal Union, l’option micro-parcelles est étudiée depuis trois ans. « Le thème actuel est d’augmenter la richesse en sucre et le rendement tout en optimisant la valorisation de l’azote et des autres éléments minéraux, signale Valentine Héry, ingénieure au service agronomique de Cristal Union. Sur une même parcelle, nous expérimentons 15 produits avec répétitions soit au total 160 micro-parcelles. Ensuite, nous effectuons des analyses statistiques sur les gains de rendement et de richesse. Nous souhaitons donner une valeur du produit sans aucun effet de bord. Néanmoins, nous avons besoin de plusieurs années climatiquement différentes pour consolider les résultats et avoir des données pertinentes pour l’agriculteur. »

Et pour les essais en grandes parcelles ? « Des agriculteurs prennent l’initiative, ils sont parfois demandeurs d’analyses de richesse en sucre, ajoute-t-elle. Dans certains cas, on observe que cela donne un coup de pouce ! »

Même si les biosolutions offrent de réelles perspectives, elles ne résoudront pas tous les problèmes liés aux différents stress et aux maladies. « Notre approche doit être globale en intégrant l’agronomie, la génétique, la fertilisation et, bien sûr, la phytopharmacie », conclut Valentine Héry.

Sept chiens de chasse dans le top 20 des acquisitions
<p>Valentine Héry, Cristal Union : « Nous nous intéressons davantage aux biostimulants aussi parce que les agriculteurs nous demandent des conseils : est-ce que ça fonctionne ? Dans quelles conditions sont-ils à utiliser ? » </p> ©Créstal Union