L’accord signé par Ursula von der Leyen ne mécontente pas que les producteurs de sucre européen ! Les industriels de la canne à sucre des pays ACP et PMA, qui approvisionnent les marchés de l’UE sans droits de douanes et sans quota (2), dénoncent eux aussi le nouveau quota de sucre de 190 000 tonnes accordé aux pays du Mercosur.
Ils estiment en effet que « chaque tonne de préférence commerciale pour le sucre qui serait accordée au Brésil et au Paraguay dans le cadre de l’accord de libre-échange UE-Mercosur équivaudrait à une tonne de préférence précédemment négociée retirée aux pays d’Afrique, des Caraïbes, du Pacifique et des PMA. »
Selon les industriels des pays ACP et PMA, cet accord représente une perte d’opportunités commerciales et de développement de marché et un facteur de baisse des prix sur les marchés européens du sucre.
Dans un communiqué daté du 13 décembre, les industriels des pays ACP et PMA expliquent qu’ils sont « de puissants moteurs de développement socio-économique et de diversification vers les nombreux sous-produits écologiquement durables dérivés de la canne à sucre, en particulier l’énergie neutre en carbone. D’un autre côté, l’industrie sucrière brésilienne est soutenue par de nombreux programmes gouvernementaux importants qui ne sont pas accessibles à des pays aussi pauvres. » En effet, la production de sucre reste primordiale pour les économies de certains pays ACP et PMA, en particulier dans les zones rurales.
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1 – Bélize, Bénin, République dominicaine, Eswatini, Fidji, RDP lao, Malawi, Maurice, Mozambique, Sierra Leone, Afrique du Sud, Soudan, Tanzanie, Togo, Zambie et Zimbabwe.
2 – Il s’agit de « sucre préférentiel » dans le cadre des Accords de partenariat économique ACP et du régime SPG spécial pour les pays les moins avancés dans le cadre des accords « Tout sauf les armes ».
Les différents contingents tarifaires accordés sur le sucre depuis 2009 ont fait perdre des parts de marché aux pays ACP et PMA. L’accord proposé entre l’UE et le Mercosur ajouterait encore 190 000 tonnes supplémentaires et éroderait davantage la part de marché des industries sucrières ACP et PMA, qui sont moins compétitives.
Les industriels, qui dénoncent aujourd’hui les contingents tarifaires accordés au Mercosur et à l’Ukraine, bénéficient depuis 2009 de la suppression des barrières douanières de l’union européenne pour le sucre. Cette disposition a été décidée par l’Union européenne, qui a souhaité favoriser le développement économique de 48 pays pauvres en leur offrant des accès privilégiés au marché européen. Cette concession faite à l’époque aux pays les moins avancés (PMA) a été une des causes de la libéralisation de la politique sucrière européenne et de la fin des quotas.