L’ITB teste des solutions de biocontrôle depuis 2019 dans le projet ABCD-B (2019-2020) puis dans le PNRI et PNRI-C depuis 2021. Différentes catégories de produits sont testées : action aphicide, médiateurs chimiques, stimulateurs de défense des plantes (SDP). Pour les deux premiers types de substances, le principal critère de jugement est la réduction des populations de pucerons. Pour les SDP, l’analyse porte sur la charge virale dans la plante. Cependant, l’évaluation de ces stimulateurs est trop récente à l’ITB pour en faire une synthèse.
« UNE EFFICACITÉ PLUS FAIBLE QUE LES PRODUITS CONVENTIONNELS »
1 Produits à action aphicide
Une quinzaine de substances actives ont été testées au champ, notamment l’azadirachtine, des extraits d’ortie, des acides gras, du thymol, des huiles essentielles d’orange, des micro-organismes, de l’huile de paraffine et des substances sous codes en cours de développement par les firmes.
Les solutions conventionnelles (flonicamide et spirotétramate) affichent une efficacité comprise entre 62 et 72 % dans l’ensemble des essais conduits depuis 5 ans (figure 1). Le champignon entomopathogène Lecanicillium muscarium, la maltodextrine et l’huile de paraffine ont montré des résultats encourageants sur certains essais, sur pucerons pour les deux premiers et sur jaunisse pour le troisième. Cependant, ces résultats sont très variables selon les essais, et le coût de ces solutions est encore trop élevé à ce jour pour envisager une adoption par les betteraviers. Dans le PNRI-C, l’ITB maintiendra une activité de veille pour l’évaluation de nouveaux produits de biocontrôle, et des essais au champ seront maintenus pour pouvoir évaluer leur efficacité.
2 Médiateurs chimiques
L’ITB évalue également des médiateurs chimiques sur les Fermes Pilotes d’Expérimentation du PNRI-C pour repousser les pucerons ou attirer les auxiliaires :
– des phéromones qui attirent les auxiliaires, permettant d’augmenter la régulation biologique.
– des allomones, parfums naturels de plantes qui auraient une triple action : répulsive, de perturbation de l’alimentation du puceron et de baisse de leur reproduction. Les odeurs sont formulées dans des granulés à appliquer à l’aide d’un épandeur centrifuge.
Il est difficile de conclure aujourd’hui en ce qui concerne l’efficacité de ces solutions qui ne sont testées que depuis deux ans, dans des conditions de pression faible de pucerons et de jaunisse. Une baisse des populations de pucerons a pu être constatée dans certains essais avec les allomones, mais l’impact sur la jaunisse et le rendement n’ont pas pu être démontrés. Les expérimentations doivent être poursuivies pour pouvoir répondre à ces questions.
3 Macro-organismes
Réaliser des lâchers d’auxiliaires dans des parcelles de betteraves permet d’augmenter artificiellement les populations d’insectes prédateurs et parasitoïdes, et d’accroître le contrôle des pucerons par la régulation biologique. Plusieurs auxiliaires ont été testés dans le PNRI : deux espèces de chrysopes (Chrysoperla carnea et Chrysoperla lucasina), au stade œuf et/ou larve, et une espèce de parasitoïde (Aphidius colemani). Le nombre d’essais est encore trop faible pour pouvoir conclure, mais les larves de chrysopes montrent des résultats encourageants. Les travaux seront poursuivis sur ces leviers pour mieux estimer leur efficacité.
Un screening sous serre
Les produits intégrés aux tests sous serre ont été sélectionnés parmi les réponses à différents appels à produits lancés par l’ITB, après sollicitations spontanées des firmes, et à partir de la littérature scientifique. Depuis 2021, 28 substances actives ont été testées en milieu contrôlé par l’ITB, avec, pour certains de ces produits, plusieurs formulations, doses ou volumes de bouillie afin de connaître les conditions d’usage maximisant leur efficacité. Les produits sont appliqués sur des plantes cultivées en pots, le lendemain de l’inoculation des betteraves avec des Myzus persicae aptères, à l’aide d’un banc de pulvérisation. Le but est de se rapprocher des conditions de pulvérisation au champ. Les betteraves sont ensuite placées dans des cages insect-proof et les populations de pucerons sont contrôlées après le traitement à 3 pas de temps : trois jours, une semaine puis deux semaines.
Aucun des produits de biocontrôle testés n’est aussi efficace que la référence chimique, en conditions contrôlées. Les produits les plus prometteurs (10 substances actives ont été sélectionnées sur les 28 au départ) qui présentent une efficacité partielle (réduction des populations de pucerons d’au moins 50 %) sont ensuite testés au champ en microparcelles, puis à grande échelle dans des parcelles d’agriculteurs. Une chute d’efficacité est notée entre les résultats d’essais sous serre obtenus dans ce projet et les résultats de plein champ.
Comprendre les conditions d’efficacité des produits
Il est nécessaire d’amplifier les connaissances sur les produits et les facteurs favorisant leur efficacité, car une variabilité des résultats selon les sites ou les années est observée. Pour certaines catégories de produits, les conditions climatiques peuvent conditionner leur efficacité. Par exemple, un rayonnement important peut entraîner la photolyse des produits de biocontrôle et la mort des spores pour les produits à base de champignons. L’hygrométrie influence le développement des champignons. À l’inverse, la maltodextrine, un polysaccharide étouffant les pucerons, serait plus efficace dans des conditions sèches, en raison de son mode d’action.
À partir de 2025, un travail va être conduit sur les techniques d’application des produits de biocontrôle de contact pour augmenter leur efficacité.