Le charançon de la betterave est un coléoptère du genre Lixus. Les adultes colonisent les parcelles de betteraves au printemps, les femelles pondent leurs œufs dans les pétioles des feuilles puis les larves migrent plus ou moins jusqu’à la racine en fonction de l’état végétatif du bouquet foliaire. Une femelle peut pondre une dizaine d’œufs par jour, pour un total de 100 à 350 œufs au cours de sa vie, ce qui en fait un ravageur redoutable.
Nuisibilité sur la production
Les galeries formées par les larves qui migrent dans la racine sont facilement reconnaissables. Ces galeries impactent peu la production, bien qu’elles puissent entraîner environ 5 % de pertes de rendement, mais ce sont des portes d’entrée pour des pathogènes, en particulier pour les champignons du genre Rhizopus ou fusarium. Ces microorganismes ont pu entraîner, dans les situations les plus graves, des pertes de rendement de près de 50 % certaines années à fort déficit hydrique.
Panorama des travaux réalisés à l’ITB
Le premier axe de travail se concentre sur l’amélioration des connaissances sur la biologie et l’écologie du ravageur, en précisant les lieux d’hivernation et le déroulement de la phase de colonisation des parcelles au printemps. Le but est d’aider à identifier les moyens de lutte à tester en fonction du cycle du Lixus. Des parasitoïdes efficaces ont également été identifiés, provoquant la mortalité de 31 % des larves en 2022. Des mécanismes de régulation naturelle existent donc. Ils doivent être approfondis pour comprendre les conditions environnementales favorables à leur présence.
Le second axe de travail vise à tester les solutions de lutte : évaluation de plantes compagnes pour réduire la colonisation des parcelles, recherche de variétés de betteraves avec des profils morphologiques et/ou métaboliques réduisant la ponte ou la survie des larves, méthodes pour attirer les Lixus et les concentrer dans un même endroit de la parcelle, évaluation de traitements à action insecticide. Au cours des expérimentations, il a aussi été remarqué qu’il y a moins de dégâts racinaires lorsque les betteraves sont bien alimentées en eau. De ce fait, les betteraves irriguées précocement en juin sont moins impactées.
Pour toutes ces méthodes, des progrès significatifs ont été réalisés depuis 3 ans. Néanmoins, aucune solution de lutte n’est actuellement satisfaisante.
Le projet Ubelix (financement Casdar de 2022 à 2025) vise à trouver des solutions de gestion de ce ravageur par l’intermédiaire de plantes de service.
Des travaux autour de l’utilisation de plantes compagnes ou de plantes pièges sont réalisés dans le cadre de ce projet. L’association de la betterave avec d’autres espèces montre un intérêt dans certaines situations, mais les résultats sont variables d’un essai à l’autre. Une plante piège plus développée que la betterave a également suscité de l’intérêt pour concentrer les attaques de Lixus. Des expérimentations sont conduites en jouant sur la densité de semis qui impacte le développement et la morphologie des betteraves afin de concentrer les attaques de Lixus dans certaines zones de la parcelle.
Pour conduire ce projet, un groupe de travail inter-filières s’est formé afin de mutualiser la recherche de solutions contre ce ravageur. Il réunit la Fnams (porteur du projet), l’ITB, la chambre d’Agriculture du Loiret, l’Inrae, le Laboratoire d’éco-entomologie d’Orléans et les coopératives sucrières Cristal Union et Tereos.