Pour la récolte 2025, sept variétés d’orges de printemps détiennent le statut de « variétés préférées des Malteurs et Brasseurs de France ». Il s’agit de RGT Planet et KWS Thalis pour plus 15 000 ha, ensuite de Laureate et KWS Fantex. LG Tosca, Lexy et Sting sont en usage limité. Selon Saaten Union, « Sting est déjà la troisième variété d’orge de printemps la plus multipliée en France en 2024 ».
En parallèle, trois variétés entrent en observation commerciale. Magnitude entame sa première année, tandis que LG Flamenco et LG Rhapsody passent en deuxième année. Enfin, le CBMO intègre trois nouvelles variétés dans son processus de validation technologique : LG Allegro, Timber et Buzzer.
RGT Planet toujours majoritaire en ha, mais challengée
Dans ses essais pluriannuels, Arvalis évalue douze variétés. « Nous n’émettons pas de recommandations spécifiques par territoire, explique Mélanie Franche, animatrice de la filière orges brassicoles chez Arvalis. Toutefois, les choix d’emblavements dépendent fortement des besoins des filières. » RGT Planet conserve sa position dominante, occupant 80 % des surfaces d’orges à 2 rangs. Cette tendance devrait se maintenir, bien que des variétés comme KWS Thalis, Laureate et Fantex gagnent du terrain. Laureate, en particulier, est très appréciée par la filière whisky française.
Quant aux trois nouveautés — LG Allegro, Timber et Buzzer — elles séduisent par leurs qualités technologiques reconnues par la filière brassicole : un excellent calibrage, un poids spécifique élevé et de bons rendements. « Ces résultats prometteurs devront être confirmés lors des essais pluriannuels », ajoute Mélanie Franche.
Progrès génétique et performance agronomique
En 2024, LG Allegro enregistre le plus haut rendement, atteignant 110 % par rapport à la moyenne des variétés évaluées (productivité pluriannuelle). D’autres variétés se démarquent également : Sting (103 %), Timber (102 %), Magnitude (102 %), Buzzer (101 %) et LG Flamenco (100 %). À titre de comparaison, RGT Planet affiche un rendement médian de 98 %. « Nous pensons qu’en 2024, la pression maladie a été tellement forte en plaine que son comportement global a pu être mis en défaut », souligne Mélanie France.
Les avancées génétiques se traduisent également par de meilleurs profils sanitaires. LG Allegro offre une très bonne résistance à l’oïdium et à la rouille naine, avec des notes maximales de 8 dans les essais 2024 d’Arvalis. Magnitude, inscrite en 2023, se distingue pour la rouille naine (8) et une bonne tolérance à la verse. Sting reste la plus performante sur ce dernier critère (8).
Les variétés Timber et Buzzer affichent également des scores très élevés pour la rhynchosporiose et l’oïdium (8), ainsi qu’une solide tolérance à l’helminthosporiose (note de 7). Par ailleurs, d’autres variétés comme KWS Fantex, KWS Thalis, Laureate, LG Flamenco, LG Rhapsody et RGT Planet obtiennent elles aussi la meilleure note (8) pour la tolérance à l’oïdium.
Qualité brassicole
Sur le plan de la qualité, Sting se démarque par un très bon poids spécifique (+1,1) et un très bon calibrage. LG Allegro, Buzzer, Timber, Laureate, LG Flamenco, LG Rhapsody et Magnitude présentent également des scores élevés en calibrage, renforçant leur intérêt pour la filière brassicole.
Le positionnement de l’orge de printemps évolue : initialement située après un blé, elle se cultive de plus en plus après une betterave. Toutefois, Arvalis préconise de réaliser les semis entre le 15 février et le 20 mars. « Dans tous les cas, il faut être attentif à la qualité de l’implantation, recommande Mélanie Franche, experte Arvalis. Parfois, il est judicieux de retarder de quelques jours la date de semis pour avoir des conditions de sol plus propices. Cette plage de semis constitue une période optimale. Au-delà, la perte de rendement n’est pas systématique, mais il est conseillé d’augmenter la densité de semis. » Un semis trop tardif risque également de décaler le cycle de la culture, exposant ainsi la phase de remplissage des grains à des périodes de fortes chaleurs, ce qui peut nuire au rendement.
Le 3 octobre à Reims, Limagrain réunissait l’ensemble des acteurs de la filière brassicole autour de l’innovation génétique. La réduction de l’empreinte carbone est l’un de ses trois axes prioritaires de recherche, aux côtés de l’amélioration des performances agronomiques et de la qualité technologique des grains. En effet, la filière brassicole s’engage dans la voie de la décarbonation, sachant que 23 % de l’empreinte carbone provient de la production d’orge, 4 % de la transformation en malt et 73 % de la transformation en bière.
Du côté agronomique, le critère résilience face aux changements climatiques entre de plus en plus en ligne de compte. Ainsi, pour LG, « si la rentabilité de la culture de l’orge de brasserie dépend de plusieurs facteurs qui influencent les coûts et les revenus, adapter des variétés aux conditions pédoclimatiques est un axe majeur de recherche ».