« Avant mon installation, j’ai réalisé un stage dans une ferme du Nord qui avait 4 chambres d’hôtes, 3 gîtes et qui accueillait des enfants pour faire du pain. Cela m’a vraiment plu, en particulier l’aspect communication autour de notre métier », se souvient Alice Varlet, betteravière à Moÿ-de-l’Aisne, dans le département du même nom. En 2008, elle reprend l’exploitation de polyculture élevage familiale qu’elle diversifie 2 ans plus tard avec la création de 3 chambres d’hôtes dans une ancienne étable à vache. « Au début, ça a très bien marché. On était peu dans le secteur et il y avait beaucoup de touristes étrangers ou de commerciaux en déplacement ».
Les clients peuvent réserver leur séjour sur internet notamment via le site internet de La Ferme d’Alice (www.lafermedalice.com) ou celui de Gîte de France.
Mais la crise du Covid et le développement d’Airbnb ont porté un coup dur aux réservations. « Le Brexit a également ralenti notre activité car les Anglais venaient moins à Reims pour acheter du champagne ». L’agricultrice a rebondi notamment grâce à l’accueil des touristes cyclistes. En effet, son exploitation agricole se situe à proximité de la Scandibérique, (appelé EuroVélo 3 ou Véloroute des Pèlerins), un itinéraire reliant la Norvège à la célèbre ville de Saint-Jacques-de-Compostelle. « Notre activité redémarre bien depuis un an maintenant », se réjouit l’agricultrice. « Par ailleurs, cela nous permet de communiquer à propos de notre métier. Nos clients peuvent visiter librement la ferme et venir échanger avec nous ». Cependant, elle précise que cette activité est particulièrement chronophage.
Les vaches nourries à la pulpe de betteraves
L’exploitation a aussi la particularité de compter 40 hectares de prairies inondables qui servent de zone tampon pour éviter les inondations de Paris. « Mon père avait essayé une année d’y mettre du maïs, mais nous n’avons pas pu récolter grand-chose ». Ils sont donc consacrés à un troupeau de vaches allaitantes. « Initialement, j’avais des Charolaises, mais j’ai changé pour des Limousines en raison de la facilité de vêlage et de la vigueur des veaux », raconte l’éleveuse. C’est beaucoup plus facile à gérer. Les naissances sont groupées autant que possible afin qu’elles aient lieu quand les animaux sont rentrés dans l’étable. Cela facilite la surveillance. Par ailleurs, cela permet de vendre les veaux à 7 mois, en lot et pas de façon individuelle.
La ration est principalement composée de la pulpe de ses betteraves et du foin de ses prairies. Les conditions météorologiques de cette année ont perturbé la production de foin. Les prairies sont restées inondées tard en saison et la récolte n’a pu être faite qu’en août. « Le fourrage est de moins bonne qualité, et cela impacte la fertilité des vaches », se désole Alice Varlet.
Du raisin et du vin
Mais les trois activités ne semblaient pas suffire à l’agricultrice. Avec son mari, elle s’est également lancée dans le vin. « Nous avons planté 65 ares de Chardonnay sur une ancienne jachère, il y a 3 ans, quand la plantation a été autorisée hors des zones viticoles ». La betteravière et éleveuse est également devenue vigneronne, un travail également très chronophage puisque la taille, le palissage et la récolte se font à la main. La première cuvée de la vigne de Montpourceau sera mise en bouteille en cette fin d’année. Les débuts n’ont pas été faciles puisque la vigne a subi la grêle la première année et le gel la deuxième année. « Il faut savoir rester humbles sur cette production dans laquelle nous démarrons. Heureusement, nous avons été bien accompagnés par un œnologue », explique-t-elle. Le couple a aussi participé à la création de l’association des vignerons des Hauts-de-France.
L’entraide pour mutualiser une partie des travaux de grandes cultures
La forte diversification de l’exploitation agricole est très gourmande en main d’œuvre. « Mon mari prend toutes ses vacances pour m’aider à la ferme ». Par ailleurs, la taille de l’exploitation a toujours poussé Alice et son père à mutualiser le matériel. « Historiquement, on était même en Cuma intégrale », se souvient-elle.
Aujourd’hui, l’agricultrice a choisi de réaliser tout le travail du sol par elle-même en détenant le matériel nécessaire. Une automotrice en copropriété permet d’être autonome sur l’arrachage des betteraves. Pour les semis, la récolte des céréales et les travaux dans les vignes, Alice Varlet a recours à l’entraide, notamment avec son voisin Bruno Cardot, le célèbre youtubeur betteravier.