La campagne indienne a enfin commencé, mais bien doucement. Au 15 novembre, 144 usines étaient en activité. L’an dernier, à la même époque, elles étaient déjà 264 en fonctionnement : un retard lié à une décision de l’état du Maharashtra qui vise à ne pas pénaliser les déplacements de travailleurs souhaitant voter aux élections locales.

Pour l’instant, il semble trop tôt pour savoir s’il y aura un effet sur la production du géant asiatique. Mais, dans tous les cas, cela ne devrait pas peser sur les disponibilités de sucre indien à l’export : le gouvernement entend bien arriver à respecter son engagement en faveur du climat, et ambitionne d’arriver à 20 % de taux d’incorporation de bioéthanol, notamment de canne, dans l’essence, dès 2025. Dès lors, tout surplus sucrier indien devrait servir à produire du carburant à usage domestique : le gouvernement n’a toujours pas alloué de quota d’exportations aux opérateurs indiens pour la campagne à venir.

Dans ce contexte, le marché du sucre continue ses oscillations entre 20,5 et 22,5 cts/lb, sans grand-chose à se mettre sous la dent…

Les nouvelles fraîches viennent plutôt des monnaies. Le réal a perdu 20 %, face au dollar, depuis le début de l’année, et cela se sent sur le marché. Et c’est l’euro, depuis l’élection de Trump, qui souffre désormais.

Les effets sont contraires dans les deux cas, mais sont tous les deux liés au fait que les prix de référence du sucre sont libellés en dollar américain : la plupart des marchés, même domestiques, sont pilotés par les valeurs recensées sur les marchés à terme du groupe ICE (Intercontinental Exchange).

Commençons par le Brésil, un pays très exportateur. Quand sa monnaie flanche, un exportateur brésilien peut vendre son sucre sur le marché mondial moins cher, en dollars : il touchera le même montant dans sa monnaie, le réal. La baisse de la monnaie brésilienne pénalise donc le marché mondial.

Mais c’est l’inverse pour l’Europe. Car, malgré la légère augmentation de surfaces en 2024 (+ 4 % dans l’UE 27), les rendements décevants, particulièrement en France, Pays-Bas et Belgique, devraient, finalement, conduire l’Union à avoir un bilan à l’équilibre – il pourrait même, selon certains analystes et dans l’attente de chiffres en provenance d’Allemagne, s’avérer en léger déficit. Dès lors, un euro qui baisse, c’est une poussée à la hausse du prix du sucre sur le territoire domestique : car il faut débourser plus d’euros pour acheter, en dollar, du sucre sur le marché mondial !