Les carnets de commandes de fabricants de matériels agricoles se vident, en lien avec le mauvais contexte économique agricole. Mais la zone betteravière fait exception, notamment grâce aux cultures à forte valeur ajoutée. C’est dans cette zone que se réaliseront une bonne partie des investissements des prochains mois.
« La conjoncture agricole n’est pas favorable à l’investissement dans le matériel agricole », se désole le syndicat des constructeurs de matériel agricole, Axema, le mercredi 13 novembre, à l’occasion d’une conférence de presse. Au troisième trimestre, les prises de commande décrochent et les facturations sont en net repli. « De janvier à septembre, les commandes sont en recul de -13 % par rapport à la même période de l’année précédente et de -28 % par rapport à il y a deux ans », précise le syndicat. « On s’attend à une baisse de l’ordre de 10 à 15 % pour les ventes de matériel neuf 2024, par rapport à 2023 », estime Jean-Christophe Regnier, président de la commission économique d’Axema. Une tendance notamment liée à la mauvaise moisson 2024. Cette baisse se confirme également au niveau européen et mondial. Bref, les prochains mois ne sont pas prometteurs.
La pomme de terre et le lin tirent le marché dans le nord de la France
« Mais, il ne faut pas tout voir en négatif. Il y a d’autres cultures qui vont quand même bien, notamment la pomme de terre et le lin », affirme Jean-Christophe Regnier. Si Axema n’a pas publié de chiffres précis sur ces filières et sur les bassins de production correspondants, il estime qu’elles portent une demande de matériel très importante. Par exemple, le nombre d’achats d’arracheuses automotrices à pommes de terre est en forte augmentation. Au niveau des pulvérisateurs, le marché est stimulé par ces cultures qui les sollicitent fortement, explique Jean-Christophe Regnier.
Le succès du salon Potatoe Europe est une illustration de cette tendance, explique Damien Dubrulle, le président d’Axema et directeur général de l’entreprise Dubrulle-Downs spécialisée dans la construction de matériels de manutention de pommes de terre. Il a précisé que l’édition 2024 a battu de loin son record d’affluence avec 18 000 visiteurs. Par ailleurs, l’arrivée des nouvelles usines de transformation de pommes de terre et la recherche de 30 000 à 40 000 hectares de cultures supplémentaires vont forcément entraîner de nombreux investissements dans les cours de ferme.
Le nord de la France fait donc exception à la morosité nationale
De façon évidente, la capacité d’investissement ne se limite pas à ces cultures mais est visible sur l’ensemble des exploitations qui les produisent, même si les matériels renouvelés servent à d’autres productions (tracteur, moissonneuse-batteuse, travail du sol, …) :« on constate qu’il y a beaucoup plus d’investissements chez les agriculteurs du nord de la France qui ont une activité diversifiée que dans les zones de pure grande culture », explique le président d’Axema. En effet, un agriculteur qui assure son revenu grâce à la pomme de terre et au lin aura plus la capacité d’investir dans un semoir à céréales ou une moissonneuse-batteuse qu’un pur scoopeur après la moisson 2024. « On le voit bien au niveau des chiffres de vente des concessionnaires des secteurs concernés », précise Jean-Christophe Regnier.
Un autre indicateur de cette tendance est relevé par Axema : « les tracteurs de forte puissance sont en nette augmentation alors que les immatriculations de tracteurs toutes puissances confondues sont en baisse » (-10 % entre les 9 premiers mois de 2023 et la même période en 2024). Ce phénomène est particulièrement visible pour les puissances de plus de 200 chevaux, et encore plus pour celles de plus de 300 chevaux.
Tous ces indicateurs laissent penser que les prochaines ventes de matériels agricoles seront beaucoup plus importantes dans la zone betteravière.