Depuis 3 ans, je suis membre des fermes pilotes d’expérimentation (FPE) du PNRI, puis du PNRI-C. Je teste des pistes de solutions sur l’une de mes parcelles : nous sommes dans un secteur géographique qui a été fortement touché par la jaunisse en 2020. Cette année-là, nous avons eu un rendement de seulement 27 t/ha.
Pourquoi avoir accepté de rejoindre le PNRI ?
Participer au PNRI est pour moi une évidence : il est indispensable de trouver des solutions pour gérer la jaunisse. Participer en prêtant une de nos parcelles pour réaliser les essais était donc normal. Et puis, cela permet d’échanger avec les partenaires du projet (agriculteurs, ingénieurs, techniciens). L’objectif, c’est d’évoluer tous ensemble.
Quelle piste de solution est testée sur cette FPE ?
Cette année, je teste les plantes compagnes, et plus particulièrement l’avoine. L’itinéraire technique à suivre est classique : l’avoine est semée la veille des betteraves, pendant la préparation du terrain, à l’aide d’un semoir traditionnel à 75 grains/m2. Le seul changement est l’utilisation obligatoire d’un antigraminées pour détruire l’avoine avant le stade 6 feuilles des betteraves. Mon conseil : ne pas hésiter à utiliser le désherbant légèrement plus tôt si les ray-grass sont trop développés.
Quels sont les résultats observés ?
En termes de résultats, j’observe moins de pucerons, et donc moins de jaunisse, mais le rendement est aléatoire. Lors de la deuxième année d’essai, le rendement était moins élevé que pour la première année. Cette différence est sûrement due à la concurrence de l’avoine sur les betteraves. Nous avions attendu le stade 6 feuilles pour détruire l’avoine, mais c’était trop tard. On travaille encore pour définir le bon stade de destruction.
Pour le moment, les plantes compagnes sont la solution la plus facile de mise en œuvre. Les autres sont des matières actives à mettre sur le marché, mais qui ne sont pas encore homologuées.
Pour la suite, je reste optimiste : nous allons apprendre d’année en année. En 2023, nous avons détruit l’avoine trop tardivement, mais on apprend de nos expériences. C’est comme tout, il faut quelques années avant de se perfectionner.
Pierre Houdmon responsable régional ITB Centre-Val de Loire
Nous travaillons avec Romain Sagette depuis 3 ans dans le cadre du PNRI et du PNRI-C. C’est un réel avantage de pouvoir s’associer aux agriculteurs pour tester des solutions alternatives contre la jaunisse. Cela nous permet d’avoir une vision très appliquée. On peut ainsi immédiatement constater les limites techniques et les contraintes pour les agriculteurs. L’idée reste de faire évoluer les solutions dans le bon sens. Chez Romain, nous avons surtout mis en place des essais avec des plantes compagnes, qui ont montré des efficacités de l’ordre de 60 % en 2023 sur les populations de pucerons verts, et de 50 % sur la jaunisse. En 2024, la pression en pucerons est tellement faible qu’il n’est pas possible de conclure sur l’efficacité de l’avoine.
À l’échelle de la délégation, nous avons testé d’autres leviers comme des produits de biocontrôle, des bandes fleuries et des lâchers d’auxiliaires, toujours chez des agriculteurs du PNRI et du PNRI-C. Après les traitements aphicides, ce sont les plantes compagnes qui fonctionnent le mieux à ce jour. Dans la région Centre-Val de Loire, l’identification de solutions complémentaires aux traitements aphicides est un enjeu important, car l’Eure-et-Loir est l’un des secteurs betteraviers le plus régulièrement touché par la jaunisse.