Vous avez invité les adhérents de la FDSEA de l’Oise à utiliser leur charrue même après un passage de glyphosate. Pourquoi cela ?
« Dans de nombreux secteurs, la seule possibilité de semer, avec la météo actuelle, est d’effectuer un labour. Sauf que la réglementation nous l’interdit si on a utilisé du glyphosate. Nous devons respecter des règles qui sont incompatibles avec notre métier et qui ont été écrites par des gens qui n’ont jamais quitté leur bureau. Après un an où tous nos chantiers sont perturbés par la météo, on en arrive à des absurdités ! J’ai donc pris mes responsabilités et invité les agriculteurs à faire passer la survie de leur exploitation en premier. Il faut s’engager maintenant ».
Ne craignez-vous pas que les agriculteurs qui agissent ainsi soient poursuivis en justice ?
« Dans un premier temps, nous avons prévenu la préfecture qu’il y avait un problème et que la réglementation nous empêchait d’effectuer notre travail. Mais cette fois-ci, nous n’avons pas attendu leur retour. En tant que président de la FDSEA, je prends mes responsabilités et je dis à nos adhérents : en cas de contrôle, on sera présents. S’il faut aller trouver les représentants de l’État dans leur bureau parce qu’ils convoquent des agriculteurs, on le fera. Il y a quelques semaines, j’avais déjà pris les mêmes dispositions pour le brûlage des lins détruits pas les tempêtes de cet été ou pour le déchaumage des repousses de colza pour lutter contre les limaces. Par ailleurs, nous avons mené une opération de nettoyage d’un petit cours d’eau dans la région de Noyon il y a quelques semaines devant l’administration, la DDT et l’OFB. Et tout s’est bien passé ».
Comment voyez-vous la fin de l’année ?
« Dans nos exploitations, c’est compliqué. Les agriculteurs sont à bout. Ils n’en peuvent plus. On a mené des actions en début d’année, on a obtenu certaines choses, mais nos responsables politiques rétropédalent sur beaucoup de sujets. Le compte n’y est pas, en particulier sur la réglementation. Et la reprise des discussions sur le Mercosur est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Pour l’instant, les agriculteurs s’occupent des travaux d’automne. Mais dès la mi-novembre, on sera de nouveau en action. Les JA de l’Oise ont déjà commencé le ramassage des panneaux d’entrée de village pour maintenir la pression ».
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