Quels sont les niveaux de perte en grande culture cette année ?
Les excès d’eau de l’automne 2023 rendant les semis très difficiles, cumulés au printemps pluvieux, ont eu pour conséquence une baisse des rendements très importante sur les cultures d’hiver et sur certaines cultures de printemps. La récolte des tournesols commence à « virer au cauchemar » et nous avons des craintes pour le maïs.
Tout le territoire est concerné, mais les dégâts sont très importants dans une zone de 150 km de part et d’autre d’une ligne allant de la Charente à la Lorraine. La betterave devrait s’en sortir, mais les richesses sont basses.
C’est une nouvelle mauvaise année pour les assureurs. Sur 24 000 contrats en portefeuille chez Pacifica, plus de la moitié ont adressé une déclaration de sinistre. Ceux qui ont des pertes au-dessus de 50 % toucheront le Fonds de solidarité nationale (FSN).
Les agriculteurs s’interrogent sur le niveau d’indemnisation. Seront-ils correctement indemnisés ?
Oui, les exploitants assurés le seront correctement, puisque nous allons avoir un rapport sinistre sur prime encaissée (S/P) supérieur à 150 % pour les céréales et le colza. Ce seul chiffre montre que l’assurance est utile. Autrement dit : quand les agriculteurs payent 30 € – pour une cotisation de 100 € subventionnée à 70 %, – ils recevront en moyenne 150 € pour ces cultures d’hiver !
Certains agriculteurs disent que l’assurance est trop chère…
Avec la mise en place de la réforme de la multirisque climatique (MRC), où la solidarité nationale prend les pertes au-dessus de 50 %, nos clients ont vu leur cotisation 2023 diminuer de l’ordre 15 % en moyenne. En grande culture, une assurance coûte en moyenne 10 à 15€ €/ha net de subvention.
Tout le monde sait qu’il y a un lien entre les attaques de ravageurs et le climat, notamment en ce qui concerne les maladies fongiques. Alors pourquoi la MRC ne prend-elle pas cela en compte ?
L’assurance récolte est un système qui indemnise les pertes directes liées au climat, il n’est pas prévu pour les pertes sanitaires ou la volatilité des cours.
Les maladies ne sont pas encore assurables. Il n’y a aucune étude pour mettre en place une ligne sanitaire de type assurantiel. Alors faut-il élargir le champ d’intervention du FMSE* ? La question a déjà été posée pour le mildiou de la vigne en 2022 et la réponse a été non.
Le risque sanitaire est lié à un mélange de technique et de politique de gestion des matières actives permettant de lutter efficacement contre les maladies et ravageurs. On l’a bien vu pour la jaunisse de la betterave, suite à l’interdiction de néonicotinoïdes.
Quand les rendements chutent d’année en année, la moyenne olympique baisse aussi. Que faire pour que l’assurance continue à se déclencher ?
La baisse des références historiques est un faux problème. Car si la référence diminue, la cotisation aussi. Donc moyennant le maintien du même budget, l’agriculteur est capable de prendre une franchise plus basse, ce qui lui permet de rehausser sa garantie culture par culture. Concrètement, l’agriculteur choisir une franchise de 10% ou de 15 % plutôt qu’à 20 %. Sachant que la part de la franchise entre 15 % et 20 % ne peut pas bénéficier de la subvention de 70 %, il faut se rapprocher de son assureur pour faire des simulations.
La subvention de l’union européenne de 70 % n’est versée qu’en mars, alors que la prime est payée 6 mois tôt. Comment résoudre ce problème de trésorerie ?
D’un point de vue réglementaire, les assurés doivent en effet justifier le paiement de leurs cotisations à la fin octobre. Chez Pacifica, le problème de trésorerie est résolu, puisque nous créditons le montant prévisionnel de cette subvention sur le compte du client deux à trois jours avant le prélèvement de la cotisation. L’exploitant n’a seulement que 30 % de la prime à payer.
Que diriez-vous à un agriculteur qui hésite à s’assurer ?
Je dirais que les exploitants assurés sont moins en stress en cas de mauvais temps. Que leur projet de modernisation ne sera pas contrarié par des aléas climatiques non garantis. Dès lors, les exploitations assurées sont moins en risque que celles qui ne le sont pas et qui subissent leurs conséquences .
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*Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental