« C’est la première fois que l’on va activer l’indemnité de solidarité nationale (ISN) en céréale. Avant la réforme mise en place le 1er janvier 2023, les céréaliers n’avaient pas accès aux calamités agricoles. En moyenne, nous avons 16 % de pertes, mais un certain nombre d’agriculteurs ont des pertes supérieures à 50 % *», a expliqué Éric Thirouin, président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) à l’occasion de la présentation du bilan de la moisson, le 5 septembre dernier.

Un agriculteur qui a une référence de 80 q/ha et qui récolte 30 q/ha bénéficiera de l’ISN sur dix quintaux. Pour les non-assurés, seulement 40 % de ces dix quintaux seront pris en charge, tandis que les assurés seront couverts en totalité (à 90 % par l’ISN et 10 % par l’assurance).

Alors est-on bien protégé si l’on est assuré ? « Non, répond Éric Thirouin. Cela ne garantit pas le revenu. Quand vous avez 20 % de perte de rendement, cela veut dire que votre revenu est en négatif ! Quand l’assurance se déclenche à 20 % de perte, on est déjà dans le rouge. En fait ce n’est pas une assurance revenu, c’est une assurance coup dur », résume le président de l’AGPB.

Et puis, la caractéristique de cette année est que les pertes tournent autour du niveau où l’assurance commence à se déclencher : 20 ou 25 % selon le niveau de franchise choisi. Les céréaliers vont donc très peu toucher. Et Éric Thiroin de conclure : « l’assurance récolte revient à des prix relativement élevés. C’est pour cela que deux tiers des céréaliers ne la souscrivent pas. La subvention de l’union européenne de 70 % sera versée en mars 2025, alors que nous demandons un remboursement lors de la souscription de l’assurance. L’autre problème est que la mauvaise moisson 2024 va encore faire baisser les références historiques. Nous voulons des améliorations sur ces deux leviers pour engager davantage d’agriculteurs, car l’assurance est une bonne mesure. »

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*Que l’on soit ou non assuré, l’ISN s’active à partir d’une perte de 50 %.