Ne rien lâcher ! Le 26 juillet dernier, Alain Waguet, le président de la Ficif (Fédération interdépartementale des chasseurs d’Île-de-France), écrivait à ses collègues : « comme vous le savez, la Ficif est engagée avec l’État par le biais d’une convention triennale pour diminuer les surfaces détruites de 30 % en 3 ans en contrepartie d’une aide financière importante. Cette aide nous a non seulement permis cette année de diminuer le prix du bracelet sanglier de 35 € à 20 €, mais également de faire diminuer les montants des participations hectares de chaque territoire (…) Il est primordial que vous poursuiviez et que vous intensifiez vos efforts. »
La situation était en effet explosive : retard de la moisson, sol meuble, présence plus longue du sanglier dans les cultures, le combat s’annonçait mal. Des observations de terrain et des retours de prélèvements montraient des populations de sangliers en expansion galopante. En Île-de-France comme ailleurs, les sangliers grouillent. Les armes pour les réduire ne manquent pas. Rappelons-les.
Entre le 15 juin et le 15 décembre : une parcelle agricole va être récoltée prochainement et il est avéré que les sangliers s’y trouvent. Vous pouvez demander une autorisation de tir de jour depuis des postes fixes placés autour. Entre le 15 août et l’ouverture générale : la chasse est possible en battue sur les parcelles agricoles sans autorisation sur l’ensemble des communes de la Ficif. De l’ouverture générale au 31 mars : la chasse est possible à l’approche, à l’affût et en battue, et ce aussi bien en plaine qu’en forêt. Du 1er avril au 31 mai : si les animaux commettent des dégâts dans les semis de printemps, il est possible de demander une autorisation préfectorale de chasse pour leur protection, à l’affût ou à l’approche auprès de la DDT (hors départements de la petite couronne).
Faire baisser la note de 30 %
L’enjeu est capital. En effet, si les objectifs ne sont pas atteints, les sanctions financières tomberont : augmentation conséquente de la participation hectare et du prix du bracelet sanglier. Il faut savoir qu’un accord a été trouvé, en 2022, avec l’État. Si les chasseurs parviennent, en trois ans, à faire baisser la note des dégâts de 30 %, l’État prendra en charge, à hauteur de 20 à 30 %, la facture qui s’élève, pour les départements de la Ficif, à une note moyenne de 1,5 million d’euros par an.
Jusqu’à présent, les chasseurs tiennent leur feuille de route avec une réduction de 15 % la saison dernière. Mais il ne faut pas s’arrêter au milieu du gué …
D’une manière plus générale, la régulation suffira-t-elle à contenir l’espèce? C’est toute la question. On le sait : c’est le milieu qui favorise une espèce et quand les conditions sont réunies, c’est le tsunami !
On en a de multiples exemples. Chez nous, le ragondin a beau être chassé et piégé de mille manières, les effectifs continuent à progresser. En Australie, on a tenté par tous les moyens de freiner l’expansion du lapin, sans que les résultats soient totalement satisfaisants. La population est aujourd’hui évaluée à 300 millions de rongeurs !
Rappelons que la lutte contre le sanglier passe par des moyens conventionnels : la chasse et le piégeage. L’empoisonnement est, à juste titre, banni. C’est l’arme de destruction massive utilisée, par exemple, sur l’île Ronde (près de l’île Maurice) pour éradiquer 3 000 lapins.
Au cœur d’une station balnéaire
La vague noire n’est pas seulement française. Elle est européenne. En Italie, les sangliers se promènent en ville. Chez nous aussi. Cet été, on en a vus prendre leurs quartiers au cœur de Mimizan, une station balnéaire du sud-ouest. On les a vus aussi à Nantes et à Marseille. Les chasseurs ont beau multiplier les battues et arrondir leurs tableaux, rien n’y fait. La nourriture est abondante (maïs partout), les laies plus fécondes, les espaces protégés en augmentation. Comme l’animal est intelligent, il a aussi parfaitement compris où il pouvait s’installer sans danger. En 2022, dans le Sud-Ouest, les zones dévastées ayant été mises en réserve, les animaux sont immédiatement venus s’y réfugier.
La saison dernière, avec une baisse de 6,3 % par rapport à la saison précédente, les prélèvements nationaux sont passés sous la barre des 800 000 animaux tués. On a pensé y voir un tassement des effectifs. En 2022, on avait, en effet, atteint un record historique avec 842 802 animaux au tableau.
Les chasseurs mettent les bouchées doubles. En attendant, ce qui frappe quand on observe les compagnies un peu partout, c’est l’abondance des jeunes.
Marcassins et bêtes rousses forment le gros des troupes. C’est le signe que l’animal pète la forme …