Les conditions météorologiques défavorables dans de nombreux pays et bassins de production inquiètent. Les déficits hydriques retardent les emblavements automnaux autour de la mer Noire et les plantations de maïs en Amérique du sud. Ces mauvaises nouvelles inquiètent les marchés mais les cours des grains n’ont guère évolué durant la seconde quinzaine du mois de septembre. La Russie et l’Ukraine exportent activement leur blé en imposant quelque peu leurs prix aux marchés. Selon Ukragroconsult (UAC), Kiev en a déjà expédié 5,8 Mt depuis le début de la campagne, soit 82 % de plus que l’an passé. Mais l’ancien empire des tsars voit temporairement ses débouchés se restreindre.
Après la Turquie, qui a décidé de protéger son marché intérieur, le Kazakhstan suit la même voie en interdisant les importations de blé russe pendant six mois. Le pays doit écouler une récolte importante de blé (16 Mt), supérieure d’un tiers à l’an passé.
Cette campagne, le Canada et les États-Unis se hissent en tête des pays exportateurs mondiaux de blé (48 Mt ; +3 Mt sur un an) devant la Russie (44 Mt ; -7 Mt). Mais à l’échelle de la planète, le Conseil international des céréales souligne une contraction de 33 Mt des échanges commerciaux de grains (421 Mt versus 454 Mt en 2023-2024).
La Chine réduit ses achats
La Chine réduira à elle seule de 13 Mt ses achats aussi de blé (10,7 Mt ; -3,5 Mt sur un an), d’orges (11,7 Mt ; – 4,1 Mt) et de maïs (18 Mt ; -5 Mt). L’Empire du milieu souhaite renforcer sa sécurité alimentaire en incitant des paysans à produire plus de grains dans un marché intérieur plus encadré, analyse UAC. Par ailleurs, les Chinois vieillissent, ont moins d’appétit et leur nombre diminue.
L’Indonésie et le Mexique sont dorénavant en tête des pays importateurs de blé (10,9 Mt; -2,2 Mt sur un an) et de maïs (22 Mt ; -0,8 Mt) (source CIC) bien qu’ils réduisent eux-mêmes leurs achats.
En fait, le marché océanien se contracterait de 10 Mt, alors que l’Australie entrevoit une production importante de 32 Mt (+ 6 Mt sur un an) qui lui permettrait d’en exporter 24,5 Mt (+ 4 Mt) dès le mois de décembre prochain.
Pour la seconde année consécutive, le Moyen Orient (Turquie, Iran, Irak) achètera 4 Mt de blé en moins, car cette région produit 10 Mt de grains en plus qu’en 2021-2022.
Le seul grand marché en expansion est l’Afrique. Elle importera 58 Mt de blé, soit 4 Mt de plus qu’en 2022-2023. Mais la Russie y renforce déjà ses positions aux dépens de la France.
En 2024-2025, la contraction des échanges commerciaux de céréales ne porte pas sur le blé dur. Sur les 9,7 Mt de grains exportables dans le monde (+0,3 Mt en un an), le Canada en commercialisera plus de la moitié (5 Mt, +1,5 Mt sur un an). Il palliera les faibles productions européennes (2,7 Mt) et nord-africaine (3,7 Mt) aux dépens de la Turquie, qui ne pourra exporter qu’un million de tonnes (-0,6 Mt).
Dans ce contexte, la France semble bien isolée sur la scène internationale. Peu de blé est chargé dans les ports. Selon FranceAgriMer, notre pays n’exportera pas plus de 4 Mt de blé et 2,2 Mt d’orges vers les pays tiers. La prochaine récolte française de maïs (14,4 Mt selon FranceAgriMer) atténuera le déficit de production de céréales à paille de près de 10 Mt.
Mais ce dernier met en grande difficulté les coopératives céréalières. Antoine Hacard, président de la Coopération agricole – Métiers du grain, évalue leurs pertes à 300 millions d’euros.
Après trois années d’inflation, « l’augmentation de charges fixes a entamé les marges des coopératives de plus de 50 % », affirme le président de la Coopération. Le coût du transport routier a été multiplié par deux depuis 2020 et celui de l’énergie a augmenté de 30 %. Pour compenser ces charges supplémentaires, les coopératives puiseront sur leurs fonds propres autant qu’elles le peuvent.
« La contraction des échanges commerciaux ne porte pas sur le blé dur »