Reprise des négociations sur le mercosur
Les pourparlers en vue de la conclusion d’un accord commercial entre l’UE et le Mercosur ont repris entre le 4 et le 6 septembre à Brasilia (Brésil). L’objectif étant de trouver une issue favorable à l’accord commercial de libre-échange signé en 2019, mais toujours pas ratifié. Si peu d’informations ont fuité de cette rencontre, sa tenue a ravivé la crainte de ses opposants : « Jeunes Agriculteurs et la FNSEA disent non à la reprise des discussions sur le Mercosur, sans que ces dernières ne prennent en compte les critiques soulevées lors des mobilisations de ce début d’année. L’agriculture, utilisée comme variable d’ajustement dans les accords commerciaux internationaux, sans clauses miroirs, engendrant des distorsions de concurrence qui fragilisent les filières agricoles européennes, n’est plus acceptable pour nos agriculteurs », affirment les deux organisations dans un communiqué commun le vendredi 6 septembre. En effet, comme nous l’avions expliqué dans le BF 1163, l’accord avec le Mercosur tel qu’il était envisagé au printemps dernier était néfaste pour un certain nombre de filières, dont la filière sucrière. Il accordait des contingents d’importation de sucre, et surtout de bioéthanol, à droit nul ou réduit. La FNSEA et les JA rappellent que la suppression des distorsions de concurrence avait été au cœur des manifestations de janvier 2024, manifestations qui n’avaient malheureusement pas été suivies de réponse politique concrète à la hauteur des demandes des agriculteurs.
Le calendrier de la reprise des négociations sur l’accord avec le Mercosur est particulièrement troublant. En effet, ces discussions reprennent juste au moment de la publication des travaux du dialogue stratégique (voir article ci-joint) dont les « conclusions mettent en évidence la nécessité d’une plus grande cohérence entre la politique commerciale de l’Union européenne et sa politique de durabilité, notamment en reconnaissant l’importance stratégique de l’agriculture et des produits alimentaires dans les négociations commerciales, affirme la FNSEA et les JA. Or, comment est-il possible de parler de durabilité sans clauses miroirs strictes ? » interrogent les deux syndicats ?
Dans une lettre ouverte conjointe adressée au Premier ministre le 11 septembre, trois interprofessions (AIBS, Anvol et Interbev) ont solennellement appelé le gouvernement à rester fidèle à la position historique de la France pour défendre ses intérêts agricoles.
Vers une nouvelle ouverture de nos marchés à l’Ukraine
Une victoire syndicale a été obtenue sur les importations de sucre ukrainien au printemps dernier. Mais l’éclaircie risque d’être de courte durée. Dans le cadre du réexamen de la libéralisation tarifaire issue de l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine, la Commission européenne a publié, le 3 septembre, un appel à contribution. Elle y suggère la réouverture des négociations avec l’Ukraine pour faciliter son accès à notre marché, à partir de la mi-2025. N’hésitez pas à donner votre avis sur ce sujet avant le premier octobre. Vous pourrez retrouver le lien pour le faire sur le site de la Commission européenne ou dans la version web de cet article sur www.lebetteravier.fr.
Un dialogue stratégique qui interroge
« Vous avez eu Farm to fork et vous n’en vouliez pas ? Eh bien ce n’est pas grave. Le dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture est là pour reprendre le flambeau, en moins mal : réduction assumée de l’élevage et plan social pour les éleveurs européens, verdissement accru de l’agriculture avec des objets budgétaires non identifiés, remise en cause à peine voilée des aides à l’hectare destinées pourtant à soutenir la production, voici le programme ». C’est avec ces mots que l’eurodéputée PPE Céline Imart a réagi en séance plénière du Parlement européen le 16 septembre, à la publication du rapport final du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture. Ce travail a été lancé par Ursula von der Leyen en janvier dernier pendant les manifestations agricoles. Mais sur les 29 organisations choisies pour discuter de l’avenir de l’agriculture, seules 4 représentaient le monde agricole. Pire, dans ses conclusions, les parties prenantes recommandent de prolonger leur travail dans le cadre d’une structure permanente qui prendrait le nom de comité européen de l’agroalimentaire, une proposition accueillie favorablement par la présidente de la Commission européenne. On peut cependant s’interroger sur la légitimité démocratique et la représentativité de ces acteurs.
Dans le même temps, Mario Draghi a remis à la présidente de la Commission un rapport sur la compétitivité européenne qui semble prendre une toute autre direction. Ce dernier prône notamment la simplification administrative, la réduction des dépendances à l’égard des pays tiers ou l’innovation technologique.
La balle est dans le camp du prochain commissaire
Dans la lettre de mission du futur commissaire à l’agriculture, Ursula von der Leyen lui demande « de donner vie au rapport et aux recommandations du dialogue stratégique ». Est-ce que Christophe Hansen, s’il est adoubé par le Parlement, saura prendre de la distance vis-à-vis de ce texte, et se pencher sur d’autres recommandations, comme celles qui émanent du rapport de Mario Draghi ? Affaire à suivre de près…
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