« L’année 2024 a commencé par une mobilisation agricole historique », a rappelé Cyril Cogniard, le président de la CGB Champagne-Bourgogne à l’occasion de la conférence annuelle du syndicat betteravier de cette région, le 3 septembre, à Châlons-en-Champagne. Il a déploré qu’aucune réponse législative n’ait été apportée aux revendications des agriculteurs, en raison notamment de la dissolution de l’Assemblée nationale. Cependant, le syndicalisme ne peut pas en rester là : « on n’a pas envie que le soufflé retombe après tout ce qui s’est passé et que tout cela n’ait servi à rien », s’inquiète Cyril Cogniard. « C’est le moment de donner notre vision ». Quelle politique agricole souhaitons-nous pour le pays ? Comment la France peut-elle influencer cette politique agricole commune ?

Deux économistes sont venus éclairer ces questions : Alessandra Kirsch, la directrice générale associée du Think tank Agriculture Stratégies et Timothé Masson, agroéconomiste à la CGB. Les deux spécialistes ont éclairé les enjeux autour de la régulation des marchés, du traité de libre-échange, de la politique environnementale et ont conclu à la nécessité d’œuvrer vers la mise en place de mesures miroirs.

La betterave a le vent en poupe

La conférence annuelle de la CGB Champagne-Bourgogne a aussi été l’occasion d’évoquer la campagne betteravière 2023 et les très bons prix qui l’ont accompagnée. « Quel contraste ici sur cette foire de Châlons : il y a 3 ans, après la catastrophe de 2020, je ne voyais que des planteurs qui me disaient vouloir réduire leur surface de betteraves. Depuis l’année dernière, je ne vois que des planteurs qui veulent l’augmenter », affirme Cyril Cogniard. Selon lui, ceux qui l’ont fait ont eu raison car la betterave a été en 2023 et sera en 2024 la meilleure marge des exploitations de Champagne-Bourgogne dans les systèmes non diversifiés (hors légumes et pommes de terre). « L’année dernière, la CGB avait annoncé lors de la foire de Châlons un prix de la betterave à 55 euros », a rappelé Franck Sander, le président de la CGB en précisant que le syndicat avait été vivement critiqué pour ce propos. « Globalement, si on déduit les réserves qui ont été faites et le désendettement de certains groupes sucriers, le marché a rémunéré ou aurait pu rémunérer les betteraviers à ce prix », se réjouit-il. Pour les betteraves 2024, la CGB estime qu’un prix proche de 40 euros/tonne est atteignable. Si la fixation de ce prix appartient bien sûr à chaque sucrier, Franck Sander leur a redemandé de la transparence. « Les agriculteurs sont en capacité de comprendre dès lors qu’on leur explique », a-t-il rappelé en évoquant la construction de ce prix.