« Nous comprenons l’ambiance morose et la désaffection pour le pois d’hiver, mais on espère ne plus jamais connaître une telle situation ! », prévient Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation variétale chez Terres Inovia. La pluie excessive tout au long du cycle a induit, cette dernière campagne, une pression du complexe maladie inédite en sortie d’hiver. D’ailleurs, Arnaud Van Boxsom recommande cet automne de ne pas faire appel aux semences de ferme en raison de la forte pression parasitaire. « Le champignon Colletotrichum sp. ainsi que les pathogènes responsables de la bactériose et de l’ascochytose, peuvent se transmettre via la graine », rappelle-t-il.
Cependant, des arguments incitent à ne pas écarter le pois d’hiver de la rotation. Cette culture est agronomiquement très intéressante, notamment avant un blé ou un colza. « Elle est aussi plus performante que le pois de printemps », insiste Arnaud Van Boxsom. De plus, le pois d’hiver bénéficie depuis janvier 2024 de l’important programme de recherche privée et publique* « Insérez-les ! ». Il concerne la sélection variétale, mais aussi les débouchés dans le but de rendre la culture économiquement plus atractive.
Douze variétés à l’épreuve de la météo
En effet, pour tenir les rendements, la réponse se retrouve en grande partie du côté de la génétique (voir aussi encadré). Sans surprise, les essais variétaux de Terres Inovia ont subi les mêmes déconvenues qu’en plaine. « Sur les 33 essais, seulement 8 sont validés pour le rendement », explique-t-il. Ce dernier affiche 42.1 q/ha en moyenne. Conséquence : les résultats 2024 des douze variétés évaluées s’appuient aussi sur les essais de pré-inscription du CTPS/GEVES de 2022 (8 essais valides) et 2023 (6 essais valides).
Ainsi, les deux variétés de référence, Furious (2015) et Fresnel (2014) qui apportaient en 2016 un important gain de rendement sont distancées par les nouveaux entrants. Elles décrochent face à une forte pression du complexe de maladies (ascochytose, colletotrichum et bactériose) car elles sont les plus sensibles de la série. D’ailleurs, en 2024, ce panel de pathogènes est dominé par le champignon Colletotrichum associé ou non à la bactérie Pseudomonas syringae.
Jusqu’à 11 quintaux en plus grâce à la génétique
Dans le détail, la première variété du classement en termes de productivité est Jumper (Florimond Desprez, 2022) avec 109,2 % du témoin. « Cela fait tout de même 11 quintaux de plus que Furious, souligne Arnaud Van Boxsom. Inscrite en 2022, elle est la plus régulière. Cette variété est à tester. » En 2024, Jumper obtient même un rendement moyen bien au-dessus de la moyenne (117,3%).
La variété Foudre (Agri-Obtentions, 2021 ) ressort parmi les moins touchées par les maladies (note 3,6 sur échelle de 9). Elle affiche le 2e score en rendement sur 2022-2024, soit 106,2 % du témoin. Terres Inovia recommande cette variété qui est en troisième année d’essais et se distingue sur la majorité des sites.
Aussi recommandée par l’institut technique, la variété Feroe (RAGT Semences, 2021) possède le troisième meilleur indice de rendement pluriannuel avec 105,2 %. Son comportement vis-à-vis du complexe maladies est intermédiaire. Les variétés Furtif ( Agri-Obtentions, 2021) et Uppercut (Florimond Desprez, 2021) font aussi partie des « variétés recommandées » en raison de leur bon indice de rendement.
Critères de tolérance aux maladies
À noter, les deux inscriptions 2023, Sherpa (RAGT), Farwest (Agri Obtentions) apportent un bonus face aux pathogènes affichant les meilleures notes, respectivement de 3,4 et 3,6.
D’autres critères ont un impact sur le comportement des pois face aux pathogènes. La résistance au froid limite les blessures qui sont des portes d’entrée. Une plante reprenant vite sa croissance en sortie d’hiver (précocité de montaison) restera moins en contact avec le sol humide. Enfin, la tolérance à la chlorose ferrique est un plus pour les sols calcaires et les limons froids afin de ne pas stresser la culture. L’ensemble des résultats est à consulter sur Myvar.fr
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* Inrae, Terres Univia, Terres Inovia (coordinateur), Geves de Beaucouzé (49), Cirad, Université Montpellier, Dijon Sup Agro, Institut Agro de Rennes Angers, Graine de Choc (62), EARL Lacour Brou (10), CTCPA.
Selon Terres Inovia, outre le choix de pois tolérants aux maladies, la parcelle a aussi un rôle à jouer. Les sols bien structurés, propices au ressuyage, apparaissent moins touchés par la maladie. Pour ne pas avoir de dépeuplements,
les dates de semis optimales s’étalent de mi-novembre à mi-décembre. La profondeur de semis est de 5 cm pour protéger le bas des plantes. Un couvert trop dense facilite la propagation des maladies. Terres Inovia a affiné la dose de semis en fonction des types de sol.
En sol limoneux, elle est de 60 à 70 graines/m2, en sols argileux ou caillouteux de 80 à 90 graines/m2 et en sol de craie de 115 graines/m2.
Consultez les recommandations sur terres-inovia.fr