Les rendements de l’Aisne, à 77 t/ha, ont été décevants en 2023, a déclaré le directeur de la CGB Aisne, Emmanuel Pigeon, lors de la conférence annuelle de la CGB Aisne, le 13 septembre à Laon. « L’Aisne a la médaille en chocolat », a ajouté Bruno Cardot, avec son humour bien connu des internautes. Pour tenter de comprendre ce décrochage, le syndicat betteravier avait invité l’agroclimatologue Serge Zaka, qui a donné quelques pistes d’adaptation pour les années à venir.

« Jusqu’en 2050, il y aura plus de pluie avec une augmentation de la température de + 3°C, a-t-il prévenu. En réalité, il pleuvra plus en hiver et moins en été. Ce sera donc problématique pour les semis et plus compliqué pour la croissance des plantes. Les agriculteurs seront donc doublement impactés. » Heureusement, il y a une hausse du niveau des nappes dans le nord de la France : « c’est une des seules régions de France où cela se passe. Dans le Sud, on assiste à un assèchement généralisé », a-t-il précisé. « L’irrigation doit se développer, il y a du potentiel dans le nord de la France », a lancé Serge Zaka aux planteurs présents.

Rebondissant sur ces propos, le président de la CGB Aisne, Guillaume Gandon a déclaré devant le préfet que « la betterave doit avoir sa place dans la redistribution de l’eau. »

Le climat est devenu défavorable et cela a été amplifié par les nombreuses interdictions de produits phytosanitaires. Une situation qui agace Guillaume Gandon : « on attend par exemple des solutions, comme un nouveau désherbant qui ne pourrait arriver qu’en 2027 à cause de problèmes administratifs, alors qu’il sera disponible dans d’autres pays. » Face à la baisse des rendements de betteraves constatée depuis 2010, il a aussi demandé aux semenciers de « faire une pause sur le prix des graines. »

Guillaume Gandon a également abordé le dossier de l’assurance récolte : « il y a un lien entre les attaques de ravageurs et le climat, pourquoi la MRC ne prend t-elle pas en compte cela ? » a-t-il demandé à Mathieu Delville de Groupama Nord-Est. « C’est sans doute une piste à développer » a répondu l’assureur, qui prévoit pour cette année 40 M€ de sinistres pour la région.

Le président a enfin déploré la remise en cause des échanges de betteraves entre les différents groupes sucriers. « Des camions de betteraves vont traverser la ville de Saint-Quentin. Il faut retrouver des niveaux d’échanges de l’année dernière, il en va de l’image et du revenu des betteraviers. »

Concernant le revenu des betteraviers, le directeur général de la CGB, Nicolas Rialland, prévoit des perspectives 2024 un peu moins bonnes après des prix historiques. On espère se diriger vers une rémunération proche de 40 €/t, tout en sachant que ce chiffre pourra être modulé par les politiques des différents groupes sucriers.