Alors que la région Centre Val-de-Loire, et particulièrement le département d’Eure-et-Loir, concentrent l’essentiel des dégâts liés à la jaunisse, la conférence annuelle a offert l’occasion de faire le bilan de l’indemnisation des pertes en 2023. Sur 249 exploitants indemnisés à l’échelle de la France, 191 se situent dans ce département, soit plus de 75 %. Et sur les 3 M€ d’indemnisation, 2,2 M€ ont concerné les Euréliens (soit 73% environ). Pour arriver à ce résultat, le travail auprès des politiques mené tant à l’échelle locale que nationale fut long et fastidieux. En effet, malgré la promesse de Marc Fesneau en janvier 2023, suite à la décision de la CJUE, une indemnisation totale des pertes liées à la jaunisse ne dépend pas seulement de l’échelon français mais aussi du droit européen. Dans un premier temps, la CGB a souhaité passer par un dispositif de crise de l’OCM, l’organisation commune des marchés (article 221) afin de ne pas être soumis au dispositif des minimis. Mais cette initiative n’a pu être portée à la Commission européenne car, en 2023, la notion de « crise avérée » n’aurait pu se justifier à l’échelle de la France betteravière. Il a donc fallu se reporter sur les minimis. La perte de rendement a été calculée en comparant le rendement 2023 avec la moyenne des rendements 2017, 2018 et 2019. Après une décote de 15% pour les agriculteurs non assurés et de 10 % pour les agriculteurs assurés, la perte de rendement a été indemnisée au prix de 41 €/t.« Si le PNRI a amélioré la prophylaxie pour réduire la pression virale, nous attendons toujours des solutions efficaces pour lutter contre la jaunisse, souligne Alexandre Pelé, le président de la CGB Centre Val-de-Loire. Nous avons la même boîte à outils qu’en 2020 alors que nos voisins européens ont d’autres molécules qui permettraient de varier les modes d’action : il est temps de mettre fin aux distorsions de concurrence qui pénalisent notre filière » complète-t-il.
Un éclairage sur la situation politique
Autre sujet au centre de cette réunion annuelle, l’environnement politique français et européen dans lequel évolue aujourd’hui notre agriculture. Pour cela, plusieurs acteurs ou observateurs avisés sont venus éclairer les planteurs : Capucine Fandre, la fondatrice d’une société de conseil en affaires publiques qui accompagne la CGB depuis de nombreuses années, Véronique Guérin, la directrice du Bureau européen de l’agriculture française (BEAF), spécialisé dans le domaine de l’information pour les secteurs agricole et agroalimentaire, Luc Lamirault, ancien député d’Eure-et-Loir et Franck Sander, le président de la CGB. « Ce qui est rassurant, c’est que Michel Barnier connaît très bien l’Union européenne. Or, cette dernière est très impactante pour le monde agricole », a notamment relevé Franck Sander.