Au cours des deux premiers mois de la campagne, l’Union européenne a profité de la faiblesse des cours du maïs pour en importer près de 3 millions de tonnes (Mt) d’Ukraine et des États-Unis. Elle anticipe une récolte de 61,9 Mt, inférieure de 5 Mt à la moyenne des cinq dernières années (67 Mt).

Dans l’ensemble du bassin de la mer Noire, et notamment dans les Balkans, les fortes chaleurs et le manque de précipitations ont nui au développement de la céréale. Après deux récoltes records (18,5 Mt en 2018 et 17,4 Mt en 2019), la Roumanie décroche. Cette année, elle ne produira que 8,9 Mt de grains.

Aussi, la France est toujours un des principaux pays européens producteurs de maïs. Mais cela ne suffit pas pour faire le bonheur de ses planteurs.

Selon Agreste, du ministère de l’Agriculture, ils s’apprêtent à récolter 14,1 Mt de grains, soit 1 Mt de plus que l’an passé. Cette hausse est imputable à l’augmentation de la superficie plantée le printemps dernier (1,59 million d’hectares, + 180 000 ha) mais pas aux rendements (9 t/ha), inférieurs d’une tonne à ceux de l’an passé. L’Hexagone approvisionnera abondamment le marché européen en maïs : la Belgique et les Pays-Bas ont déjà passé commandes. Mais à moins de 200 € la tonne à Bordeaux, le maïs est payé à peine 165 €/t sortie ferme en raison de l’explosion des frais de transport et de logistique.

Les prix de la céréale sont aussi impactés par les cours du blé fourrager et de l’orge, relativement abondants, mais surtout par la position hégémonique des États-Unis sur le marché mondial du maïs. Ils débutent leur campagne de commercialisation avec 432 Mt de grains disponibles, du jamais vu depuis 2027-2018. Les 385 Mt de grains qu’ils s’apprêtent à récolter s’ajoutent aux 46 Mt encore en stocks. À l’export, les États-Unis conforteront la place de leader mondial qu’ils ont retrouvée l’an passé en devançant le Brésil. Selon l’USDA, ils prévoient d’exporter 58 Mt de maïs comme en 2023. Mais pour maintenir leurs stocks à 46 Mt, ils devraient en écouler 64 Mt.

Sécheresse sur la mer Noire

Le Japon, le Mexique et la Colombie ont déjà acheté près de 12 Mt de grains, alors que la nouvelle récolte n’est pas encore engrangée. En ambitionnant d’exporter 58 Mt de maïs, les États-Unis compenseront allègrement le repli contraint de l’Ukraine sur le marché de la céréale. Sa récolte n’excéderait pas 27 Mt selon l’USDA. La sécheresse dans le bassin de la mer Noire et la baisse des surfaces semées expliquent la diminution de la production de 5 Mt par rapport à l’an passé. Aussi, le pays n’en exporterait que 24 Mt (29 Mt en 2023-2024). Néanmoins, l’Ukraine en guerre reste un pays exportateur majeur de maïs. Selon Ukragroconsult, le pays en expédierait massivement en Espagne, en Chine et en Égypte. Mais la baisse de ses exportations n’aura aucun impact sur l’évolution des cours des grains, inférieurs à 200 € la tonne depuis plus d’un an.

À l’échelle de la planète, les échanges commerciaux de maïs seront moins importants que l’an passé (193 Mt ; – 6 Mt) alors que sa production mondiale sera quasiment équivalente à la campagne passée (1,2 milliard de tonnes).

Mais la Chine bat chaque année un nouveau record. Comme sa production (292 Mt) tend vers le seuil de 300 Mt, ses besoins à l’import se tassent. Longtemps en tête des pays importateurs de maïs, l’empire du milieu est dorénavant détrôné par le Mexique (22,5 Mt). L’Union européenne reléguée à la troisième place mondiale en achèterait durant la campagne 19 Mt devant le Japon (15 Mt), la Corée du Sud (11,8 Mt) et le Vietnam (11,7). L’Égypte est le premier pays africain importateur de maïs (7,8 Mt) devant l’Algérie (5 Mt).

Les États-Unis pèseront durablement sur l’évolution des cours mondiaux du maïs. Leur campagne de commercialisation 2024-2025 s’achèvera avec des stocks de report de 52 Mt (+ 6 Mt) alors que le Brésil et l’Argentine écouleront leur nouvelle récolte.