Après plus de 50 jours d’attente, l’arrivée de Michel Barnier au poste de Premier ministre, le 5 septembre, a été saluée par les principales organisations agricoles. Elles n’ont cependant pas fait référence à son passage rue de Varennes, entre juin 2007 et juin 2009 dans le gouvernement de François Fillon.

Si Michel Barnier est parti avec une bonne cote de popularité dans le milieu agricole, son mandat a parfois été émaillé de bras de fer, notamment avec l’AGPB, le syndicat des céréaliers. Les sujets de discorde ont porté sur la déclinaison française de la PAC, ainsi que l’application du Grenelle de l’environnement et surtout l’interdiction des OGM avec le fameux maïs Mon 810. Même si ce dernier dossier lui a échappé au profit du ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo et de sa secrétaire d’État Nathalie Kosciusko-Morizet.

La grande affaire a donc été la réorientation des aides PAC vers les productions animales, ce qui lui a valu une ovation au congrès des producteurs d’ovins, le 16 avril 2009. Il s’est en revanche mis à dos les céréaliers, principaux perdants de la réforme, d’autant plus qu’il a également lancé l’objectif de réduction de 50 % de la quantité des produits phytosanitaires. Ce premier plan Ecophyto était un des 4 axes du Grenelle de l’environnement, avec le plan de relance du bio et le programme de certification à haute valeur environnementale. D’ailleurs, à l’annonce de sa nomination à Matignon, l’ONG Générations Futures a rappelé que, en tant que ministre de l’Agriculture, Michel Barnier « a su résister aux pressions, notamment celles de la FNSEA, durant les négociations du Grenelle sur les pesticides. Il a maintenu les objectifs de réduction des pesticides du Plan Ecophyto et son indicateur de référence, le Nodu. »

Faire de la France « la première puissance agricole en Europe »

Les dernières déclarations de Michel Barnier sur l’agriculture ne devraient en revanche pas fâcher les producteurs de grandes cultures. Alors qu’il faisait campagne pour l’investiture de la droite à l’élection présidentielle de 2022, Michel Barnier avait revendiqué l’ambition de faire de la France « la première puissance économique et agricole en Europe ». Et sur l’environnement, il déclarait : « on réduira la pollution agricole avec les agriculteurs, pas contre eux. On décarbonera l’économie avec les entreprises, pas contre elles. »

Son expérience agricole lui sera utile pour apaiser les tensions, alors que les agriculteurs attendent toujours des réponses après la crise de l’hiver dernier.

Le syndicalisme majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) a appelé jeudi Michel Barnier à « placer l’agriculture dans les priorités immédiates de son gouvernement ». FNSEA et JA appellent le Premier ministre « à se saisir au plus vite de leur loi « Entreprendre en agriculture » notamment pour concrétiser l’ensemble des mesures annoncées par le précédent gouvernement pour répondre à la crise et aboutir sur le projet de loi d’orientation pour le renouvellement en agriculture, qui n’a pas pu aller au bout du processus législatif ».

De son côté, la Coopération Agricole appelle le nouveau Premier ministre à la co-construction d’une stratégie alimentaire conquérante pour notre pays. Les coopératives comptent « sur les capacités de dialogue et de négociation de Michel Barnier pour relancer les travaux législatifs et réinscrire la Loi Agricole à l’agenda. »