Quelle est donc cette fleur qui colore les parcelles d’un beau manteau rosé au mois de juin ? Il faut en tout cas faire preuve de réseautage pour en savoir plus sur la culture de l’œillette (pavot) dont les débouchés sont assurés par l’industrie pharmaceutique et dont la production est très contrôlée, voire tenue secrète. Car il faut savoir que les agriculteurs signent une charte de confidentialité avec l’industriel avec qui ils contractualisent annuellement. Les parcelles d’œillettes éligibles doivent en outre être positionnées à l’abri des regards, et donc à distance de certains axes routiers, pour éviter de susciter une quelconque convoitise pour un détournement narcotique. Du côté des agriculteurs, l’intérêt de cette culture est avant tout agronomique puisqu’elle permet de casser la rotation.

Un itinéraire technique relativement simple

L’œillette est une culture de printemps réputée peu chronophage, dont les semences sont fournies par l’industriel. Semée à partir de février, et idéalement avant début avril, avec un semoir à céréales et à disques de préférence, la graine de très petite taille doit tout juste être recouverte de terre, avec 0,5 à 1 cm de profondeur de semis. Il est également préconisé de bien réchauffer et d’affiner son sol. Si l’irrigation n’est pas obligatoire, elle constitue un plus pour favoriser la levée. Pour répondre aux besoins de la plante, un apport d’engrais de fond de type phosphore et potasse est indiqué, ainsi que de l’azote en fonction des reliquats effectués. Le désherbage chimique (un désherbage mécanique étant difficilement applicable au regard de la taille des graines) doit s’effectuer à plusieurs reprises : une fois en pré-levée, puis deux autres fois pour s’attaquer aux graminées et dicotylédones. Les insecticides ne sont pas nécessaires sauf dans certains cas, notamment à la levée si des thrips constituent une menace. La récolte est effectuée directement par l’industriel fin juillet. Ce dernier doit donc avoir suffisamment de surfaces à récolter pour amortir ses charges, ce qui suggère un regroupement entre agriculteurs voisins pour l’introduction de cette culture bien particulière dans la rotation. À noter que, dans l’idéal, il est conseillé d’attendre sept ans avant de la réimplanter sur une parcelle.

En raison du devoir de réserve, il est difficile de connaître le niveau de marge brute que dégage l’œillette mais elle semblerait toutefois contenter ceux qui en produisent. Enfin, elle permet de répondre aux critères de diversification de l’assolement dans le cadre de l’écorégime de la nouvelle PAC dès lors que les conditions de surface minimum sont remplies.