« La diminution de la quantité de fongicide anti-mildiou est possible avec la protection intégrée, annonce Cyril Hannon, ingénieur Arvalis, mais elle dépend fortement de la pression de l’année du pathogène ».

Face à la demande sociétale, au retrait de matières actives, à Ecophyto 2, aux impacts environnementaux biodiversité et santé, Arvalis travaille sur la diminution des IFT fongicides anti-mildiou. Comme dans toute démarche de protection intégrée, le concept est déjà d’utiliser les leviers de prophylaxie pour limiter la pression en amont.

Limiter la pression en amont

Le premier levier reste le choix variétal. Les variétés sensibles comme la Bintje (CTPS 3) nécessiteront beaucoup plus de traitements qu’une variété intermédiaire comme Magnum (CTPS 6). 44 variétés intermédiaires et résistantes sont inscrites sur la fiche CEPP. Elles sont à privilégier quand cela est possible au niveau marché et productivité. Deuxième prophylaxie indispensable, la gestion des tas de déchets qui réduit le risque avec une apparition du mildiou plus tardive.

Après ces leviers fondamentaux, il s’agit de mieux connaître le risque mildiou. Des OAD type Mileos le caractérise. Attention, Mileos définit un risque et non une apparition des tâches.

La lutte chimique conventionnelle vient ensuite compléter ses actions préventives. L’utilisation de produits de biocontrôle permet de diminuer la quantité de fongicides appliquée. Ainsi, le phosphonate de potassium en association avec des fongicides à doses adaptées limite la quantité totale de fongicides. Enfin, la dose de fongicide sera ajustée selon la pression mildiou, les produits de biocontrôle et la variété. La lutte physique peut aussi être utilisée (broyage des fanes).

Des diminutions de 80 % à 30 %

En cas de faible à moyenne pression (année 2018 et 2020), Arvalis a réussi à réduire les IFT de 50 % avec la variété Bintje et 80 % avec la variété Magnum. Mais la diminution en cas de forte pression (année 2021) est beaucoup plus réduite (moins 30 % sur Bintje et moins 60 % sur Magnum) pour conserver l’efficacité. Dans ces essais, l’efficacité du fongicide entre les modalités varie au maximum de 10 %.

Le levier variétal reste donc le pilier de la protection intégrée : moindre infestation, réduction du nombre de traitements, valorisation du biocontrôle et ajustement des doses.

Face à ces conclusions, l’évolution pour réduire les doses fongicides passe d’abord par une recherche variétale de variétés intermédiaires à peu ou très peu sensibles et une utilisation de ces variétés. La prophylaxie, notamment la gestion de l’inoculum primaire (tas de déchets, repousses, jardins…) doit être renforcée. De même, la généralisation de l’utilisation d’OAD type Mileos et le respect de ses préconisations permet d’ajuster plus finement les dates de traitement. Enfin, il est nécessaire que les agriculteurs adaptent bien les doses de fongicides en fonction de la résistance variétale, du risque mildiou et de l’utilisation de produit de biocontrôle.

Irrigation : le goutte à goutte face à l’enrouleur

Si la micro-irrigation (goutte à goutte) reste marginale en pommes de terre (300 ha de goutte à goutte en 2012 pour les pommes de terre et 3 % de la SAU irrigable au RGA 2010), des projets se développent. Ils présentent plusieurs avantages. Avec une bonne répartition de l’eau et aucune perte par évaporation ou dérive, la technique peut être automatisée et utilisée pour la fertirrigation. Ce dispositif discret réduit le risque de maladie foliaire. Les lignes de distribution peuvent être positionnées en fond de butte ou en haut de butte.

Reste que l’installation de goutte à goutte s’avère très onéreuse. Le chantier de mise en place du dispositif est très lourd. De plus, des dégâts d’insectes perforateurs ou de rongeurs existent. La technique est peu efficace en cas de mauvaise levée. Enfin, un système de filtration est nécessaire.

Autant de raisons qui expliquent la prédominance de l’irrigation par enrouleur, beaucoup plus économique, facile à installer, avec une irrigation efficace tout au long du cycle. Par contre, les pertes par dérive et évaporation, atteignent 5 % sans vent et 20 % en condition venteuse. Autre contrainte, le temps de travail nécessaire pour le fonctionnement.

Sources. Arvalis