Alors que l’été pluvieux a été néfaste pour le blé, les oléagineux s’en tirent bien. La récolte de colza va approcher 4 Mt, un chiffre un peu inférieur à l’an dernier, mais supérieur à la moyenne quinquennale, « avec une qualité tout à fait correcte », selon Franceagrimer, c’est-à-dire avec une bonne teneur en huile et en oméga 3. La production de tournesol est également satisfaisante, en recul de seulement 10 %, après une année faste. Le volume serait proche des 2 Mt. Seuls les pois protéagineux ont subi un quasi-désastre, avec une baisse de production de plus de 30 % et des parcelles sinistrées par les pluies incessantes.
À la bonne récolte de colza et de tournesol s’ajoute une belle solidité des niveaux de prix. Le colza s’échange, le 27 août, à 457 €/t pour la nouvelle récolte, sur les marchés physiques Fob Moselle et Rendu Rouen. Les échéances trimestrielles sur Euronext jusqu’en mai 2025 affichent environ 460 €/t, puis ralentissent après la récolte 2025 aux alentours de 440 €/t. Les prix des huiles sont plutôt haussiers, et les cours du canola au Canada sont également soutenus, autant de facteurs favorables au prix de la graine en Europe. Les cours de la graine de tournesol sont solides à près de 460 €/t, et plutôt sur une tendance haussière. Avec une récolte globale de 6 Mt, à une valeur de 450 €/t, les producteurs français de colza et de tournesol devraient obtenir une recette de 2,7 milliards d’euros, avec des marges correctes cette année encore.
La performance économique est d’autant plus à souligner que les cours mondiaux du soja vivent plutôt une déroute. Les cours sont passés de 450 $ à 350 $ entre mai et fin août. C’est le résultat d’une production qui s’accroît partout dans le monde, au Brésil, en Russie, en Ukraine, en Chine et en Inde… Au total, une récolte de 429 Mt, en hausse de 6,9 Mt, dont 169 Mt au Brésil, 120 Mt aux États-Unis, 51 Mt en Argentine… alors que les stocks de départ étaient déjà gonflés. Côté demande, la Chine a fortement augmenté ses importations : 110 Mt contre 100 Mt en moyenne. Mais le pays dirigé par Xi Jinping dispose désormais de stocks élevés et certains anticipent un coup de frein de ses achats.
Si l’on additionne soja, colza et tournesol, l’offre mondiale d’oléagineux (stocks + production) atteint le volume record de 820 Mt, du jamais vu. Certes, la demande mondiale évolue aussi, mais elle n’atteint que 560 Mt, et il restera donc 150 Mt dans les silos en fin de campagne. Pour autant, la chute brutale des cours du soja à Chicago n’a pas entraîné un repli similaire pour le colza en Europe, ni pour le canola au Canada et en Australie. Ce n’est pas la première fois que les marchés européens restent protégés des fortes variations des cours mondiaux, signe que le colza a ses propres atouts.