Ces études publiées cet été montrent que le niveau de vie et les revenus varient en fonction de plusieurs facteurs. Dans les deux régions étudiées, les ménages vivant sur des fermes de grandes cultures ont un revenu plus élevé que ceux des autres spécialisations agricoles.

La taille de l’exploitation est également un facteur important : les grandes exploitations ont un taux de pauvreté monétaire* plus faible que les petites. Par exemple, en Normandie, le taux de pauvreté est de 21,9 % pour les petites exploitations, mais il tombe à 10,9 % pour les grandes, une tendance également observée dans le Grand Est.

Les études soulignent aussi que la composition des ménages agricoles influence le revenu et la pauvreté. Les foyers où l’exploitant est le seul à apporter un revenu ont un taux de pauvreté plus élevé : 29,9 % en Normandie et 20,4 % dans le Grand Est. À l’inverse, dans les foyers où un membre a un emploi autre qu’exploitant, les revenus non agricoles sont souvent plus élevés que les bénéfices agricoles, notamment en Normandie, où ces revenus atteignent 26 300 €, contre 15 600 € pour les bénéfices agricoles.

Une pauvreté monétaire contenue dans le Grand Est

Dans le Grand Est, le revenu médian des ménages agricoles, toutes spécialités confondues, était de 27 400 € en 2020 (80 % de ses foyers ont des revenus compris entre 13 600 € et 52 700 €). Cela place la région en troisième position des revenus agricoles les plus élevés, après l’Île-de-France et les Hauts-de-France.

En moyenne, les bénéfices agricoles représentent 40 % du revenu total des 40 000 ménages agricoles de la région. Par ailleurs, 22 % du revenu provient de leur patrimoine, tandis que 46 % viennent d’autres activités : 42 % de salaires, 3 % de bénéfices industriels ou commerciaux, et 1 % d’indemnités de chômage. Enfin, 13 % du revenu provient des pensions de retraite et des rentes.

Le taux de pauvreté régional dans les ménages agricoles est de 9,7 %, ce qui place la région en seconde position du plus faible taux de pauvreté monétaire, derrière l’Île-de-France.

32 % des exploitations dans le Grand Est se concentrent sur les grandes cultures, et c’est dans ce secteur que le niveau de vie est le plus élevé. Le niveau de vie moyen y est de 33 200 €, avec 80 % des foyers agricoles ayant un niveau de vie entre 14 100 € et 54 400 €. Cela est particulièrement vrai dans l’Aube et la Marne, où les grandes cultures dominent.

On observe également que 8,8 % de ménages en grandes cultures, sont sous le seuil de pauvreté monétaire, soit deuxième taux de pauvreté le plus faible derrière les viticulteurs.

Les bénéfices agricoles représentent 35 % du revenu en Normandie

En Normandie, le revenu médian des foyers agricoles, toutes spécialités confondues, est de 22 800 €. Ce revenu se compose de 17 100 € de bénéfices agricoles (35 %), 20 600 € d’autres revenus d’activités (42 %), 10 800 € provenant du patrimoine (22 %), et 8100 € de pensions et retraites (17 %). Les foyers agricoles reçoivent également 1700 € de prestations sociales (4 %).

Le taux de pauvreté monétaire des agriculteurs en Normandie est de 14,9 %, les agriculteurs normands sont donc plus pauvres que ceux du Grand Est. Les 10 % des foyers les moins aisés gagnent moins de 11 400 €.

Les revenus varient selon les spécialités agricoles, avec les agriculteurs en grandes cultures en tête. Les 10 % des ménages agricoles les plus aisés gagnent plus de 53 900 €, soit 10 300 € de plus que la moyenne des autres spécialités. Cependant, 90 % de ces ménages ont un revenu compris entre 13 000 € et 53 900 €. La pauvreté en grandes cultures est moins répandue dans ce secteur, touchant 11,2 % des foyers exploitants.

*Le taux de pauvreté monétaire est défini usuellement par un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian soit 13 440 €.