Témoignage d’expert : Ghislain Malatesta, Directeur du Département expérimentation et expertise régionale

Comment se sont passés les semis des essais variétés en 2024 ?

Nous avons, cette année, réalisé nos premiers semis le 25 mars, et les derniers le 20 avril. Au niveau des conditions climatiques, si un printemps humide avantage la levée, les pluies incessantes compliquent nettement les opérations, entraînent des risques de tassements, et favorisent le parasitisme. En 2024, on est vraiment dans cette situation avec des placages, des tassements du lit de germination, des croûtes de battances, une forte pression limaces, beaucoup d’aphanomyces ou encore de l’acidité de surface. En plaine, il y a donc une hétérogénéité de populations et sur les plateformes ITB, 3 des 13 essais variétés rhizomanie que nous avions semés ont dû être écartés des regroupements.

Comment évaluez-vous les variétés en matière de levée ?

Pour pouvoir regrouper les essais et avoir la population finale de chaque variété malgré des dates de semis différentes sur les plateformes, nous réalisons des contrôles à pas de temps précis en sommes de températures. Les comptages sont faits dès 100 °C après le semis et jusqu’à 400 °C (stade 4 à 6 feuilles des betteraves).

Quelles sont les tendances de l’année ?

Le taux moyen de levée dans nos regroupements est de 92,7 %, ce qui est équivalent à l’an dernier, mais plus faible que la moyenne à 10 ans. On observe néanmoins des différences de comportements marquées entre les variétés rhizomanie.

Sur quels autres critères sont évaluées les variétés ?

L’ITB et les SAS réalisent aussi des essais de type :

• Nématodes en terrain infesté : cette année, cela représente 19 essais ITB/SAS.

• Rhizoctone brun, inoculés à environ 700 ° après le semis pour uniformiser l’attaque du champignon. En 2024, 2 essais de ce type ont été semés.

• VATE – Valeurs agronomiques, technologiques et environnementales où l’on limite les traitements fongicides, avec des seuils déclenchés sur des variétés tolérantes. Ce sont, en 2024, 26 essais rhizomanie et 14 essais variétés spécifiques.

• Variétés bio qui représentent 3 essais ITB/SAS cette année.

• Observatoire, pour contrôler les montées à graine et la tolérance aux 4 maladies foliaires (cercosporiose, ramulariose, oïdium et rouille) en l’absence de traitement fongicide. Cela représente 7 plateformes ITB en 2024 où la gravité (% de feuilles touchées par la maladie) est notée à pas de temps thermique régulier : tous les 250 °C dès 1500 °C.

• Jaunisse : toutes les variétés conventionnelles testées par l’ITB sont inoculées pour évaluer leur sensibilité à cette maladie (cf. encadré).

Résultats expérimentaux

Les tableaux suivants présentent les résultats obtenus pour l’ensemble des variétés expérimentées. Trois critères sont pris en compte :

• Le taux de levée calculé par rapport au nombre de graines semées. Il résulte d’un regroupement de 23 essais ITB-SAS pour les variétés rhizomanie, 27 essais pour les variétés nématodes et 8 essais pour les variétés rhizoctone brun.

• La qualité de levée conditionne la productivité finale des betteraves. Ce critère intègre la vitesse de levée et la population finale. Il est calculé uniquement dans les essais ITB à partir de 4 comptages successifs des plantes au cours de la levée de 100 °, jusqu’à atteindre la population finale, soit 400 °. La qualité de levée est l’aire sous la cinétique de levée. Plus la valeur est élevée, plus la variété lève vite et avec un niveau de population élevé.

• La vitesse de levée est le temps thermique qui sépare les stades entre 10 % et 90 % de levée. Plus la valeur est faible, plus la variété installe 80 % de sa population homogènement. Pour ces deux derniers critères, 10 essais ITB ont été regroupés pour les variétés rhizomanie, 12 pour les variétés nématodes et 6 pour les variétés rhizoctone brun.

Expérimentation jaunisse

Pour la seconde année, le réseau ITB SAS a mis en place des séries inoculées avec des pucerons virulifères, pour la plupart élevés au laboratoire du Griffon.

12 essais avec les variétés rhizomanie, 9 avec les variétés nématodes et rhizoctone brun et 5 avec les variétés Smart ont été inoculés en déposant 5 pucerons virulifères par betterave. Cette inoculation a été réalisée à l’aide d’un pinceau ou d’un fragment de feuilles entre le stade 4 et 8 feuilles des betteraves.

Au préalable de cette inoculation, des betteraves ont été repérées avec un jalon pour garantir une bonne répartition sur le rang central. Les proportions par virus sont différentes soit :

• 4 % pour la jaunisse grave BYV

• 2 % pour chaque polérovirus BMYV et BcHV

Ces essais ont été traités par un aphicide 4 semaines après l’inoculation, afin de laisser le temps aux pucerons de coloniser toutes les betteraves présentes dans une micro-parcelle, soit environ 100 betteraves.

En 2024, toutes ces séries sont semées en miroir, c’est-à-dire que 4 répétitions ont été mises en place et protégées contre les pucerons naturels et 4 répétitions ont été inoculées.
Tout au long du cycle de la culture, des notations de présence ou absence de jaunisse seront réalisées. Ces notations sont couplées à des vols de drones.

Ces séries identiques implantées sur ces plateformes permettront de mesurer les écarts de productivité.

Cette année, les premiers symptômes apparaissent 3 à 4 semaines après les inoculations, et cela pour tous les virus.

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