Depuis neuf mois, le marché mondial du sucre subissait une pression baissière qui lui a fait perdre près du tiers de sa valeur depuis le record, historique, de fin d’année dernière. Mais voilà que, depuis le début de l’été, et après avoir côtoyé les 18 cts/lb, il semble se reprendre de manière durable. Et si le plus bas était derrière nous ?
C’est en tout cas ce que semblent penser les spéculateurs. C’était eux qui avaient fait dévisser les cours, en étant vendeurs-nets de sucre de plus de 3,4 millions de tonnes de sucre en mai, après l’avoir tiré à des niveaux records en novembre dernier, lorsqu’ils étaient acheteurs-nets de sucre de quelques 7 Mt. Début juillet, ces mêmes spéculateurs sont à l’équilibre (-0,3 Mt) : ils n’anticipent donc plus de chute des cours.
Il faut dire que le Brésil ne devrait pas reconduire son record de l’an dernier. Czarnikow prévoit désormais que la région Centre-Sud (la principale du géant sudaméricain) produira 41,5 millions de tonnes en 2024-2025, contre 42,1 Mt lors de la campagne précédente. L’Inde non plus ne fait pas rêver : fin juin, le gouvernement a confirmé qu’aucun quota d’exportation ne serait alloué aux sucreries. Ceci est à mettre en relation avec un rapport de l’USDA indiquant que le pays n’atteindra finalement pas facilement son objectif de 20 % d’éthanol dans l’essence en 2025. Et, pour la première fois depuis la mise en place du plan éthanol, son taux dans l’essence devrait même baisser, en 2024, à 11,5 % d’éthanol contre 12 % l’an dernier, par manque de matière première.
Dans ce contexte, la révision du bilan mondial, publiée par l’ISO en début de mois et qui prévoit un déficit de plus de 2,9 Mt en 2023-2024, n’a pas vraiment surpris les opérateurs.
Du côté européen, la dernière valeur diffusée par la Commission européenne est le prix du sucre livré en mai dernier, à 838 €/t, relativement stable par rapport au mois précédent (843 €/t). On notera, fin juin, l’arrêt effectif des importations en provenance d’Ukraine : la prochaine livraison devra attendre janvier prochain ! Est-ce que cela suffira à enrayer la baisse du marché spot ? En tout cas, il semble se stabiliser autour de 600 €/t. D’autant que les rendements ne seront certainement pas à la hauteur des espérances, au moins dans la partie ouest de l’Union européenne. Comme le résumait un planteur, la météo de cette année aura provoqué une double peine : à la fois des semis tardifs et des traitements précoces du fait, notamment, de la pression fongique !