Le délégué interministériel était initialement chargé d’accompagner les professionnels dans la mise en œuvre du plan stratégique de la filière sucre. Mais c’est surtout la crise de la jaunisse qui a mobilisé toute l’énergie d’Henri Havard. Depuis septembre 2020, le délégué interministériel a veillé à la mise en œuvre du plan de soutien gouvernemental (le PNRI) et de la loi sur la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes en 2021 et 2022. « La loi a été votée en décembre 2020 et la dérogation appliquée en janvier pour enrober les semences », rappelle Henri Havard, qui souligne la mise en œuvre rapide des décisions politiques sur le terrain. Puis, en 2023, à la suite de l’interdiction des néonicotinoïdes par la Cour de justice de l’Union européenne, « il a fallu bâtir en 3 semaines un nouveau plan avec l’indemnisation en cas d’attaque de jaunisse, le déploiement par anticipation des solutions du PNRI et une dérogation pour trois passages de Movento ».
Henri Havard estime que « le PNRI est une belle réussite collective entre la filière, l’État, la recherche publique et privée ». D’ailleurs, il souligne que cette méthode de travail a été dupliquée sur d’autres sujets, notamment le Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives de protection des cultures (Parsada).
Concernant le plan stratégique de la filière sucre, deux dossiers ont été ouverts. Une expérimentation pour transporter les betteraves avec des camions de 48 tonnes a été menée pendant 2 ans, mais « le cabinet du Premier ministre a arbitré négativement en mai dernier ». Quant aux travaux sur l’instrument de stabilisation du revenu (ISR), « le dossier n’est pas mûr au niveau de la filière, mais l’État garde ce dossier ouvert ».
Le délégué interministériel a aussi supervisé l’indemnisation des planteurs touchés par la jaunisse. « Le gouvernement a tenu ses engagements. Pour les betteraves 2020, l’indemnisation a concerné environ 8 000 planteurs pour 60 M€. Quant à l’indemnisation des betteraves 2023, elle a été payée à 95 % ; elle concerne 250 dossiers pour 3 M€ », indique Henri Havard.
La filière sucre bénéficiera-t-elle encore d’un relais auprès du gouvernement ? Oui, selon Henri Havard, mais il prendra une autre forme : « un haut fonctionnaire du ministère de l’Agriculture devrait me succéder au sein du Comité de Coordination Technique (CCT) pour animer le PNRI pendant les 3 prochaines années ». Et de conclure : « l’État reste attentif à cette filière d’excellence française ».